ache etait cheri, loue par eux. On vantait sa douceur, sa modestie, sa
grande capacite, et on les opposait a la severite de Roland qu'on appelait
de l'orgueil. Roland en effet n'avait donne aux jacobins aucun acces dans
son ministere de l'interieur. Observer les rapports des corps constitues,
l'amener dans les limites ceux qui s'en ecartaient, maintenir la
tranquillite publique, surveiller les societes populaires, pourvoir aux
subsistances, proteger le commerce et les proprietes, c'est-a-dire veiller
a toute l'administration interieure de l'etat, telles etaient ses immenses
fonctions, et il les remplissait avec une rare energie. Tous les jours, il
denoncait la commune, poursuivait ses exces de pouvoir, ses dilapidations,
ses envois de commissaires; il arretait ses correspondances, ainsi que
celles des jacobins, et substituait a leurs ecrits violens d'autres ecrits
pleins de moderation, qui produisaient partout le meilleur effet. Il
veillait a toutes les proprietes d'emigres echues a l'etat, donnait un
grand soin aux subsistances, reprimait les desordres dont elles etaient
l'occasion, et se multipliait en quelque sorte pour opposer aux passions
revolutionnaires la loi et la force quand il le pouvait. On concoit quelle
difference les jacobins devaient mettre entre Pache et Roland. Les
familles des deux ministres contribuaient elles-memes a rendre cette
difference plus sensible. La femme, les filles de Pache allaient dans les
clubs, dans les sections, paraissaient meme dans les casernes des federes,
qu'on voulait gagner a la cause, et se distinguaient par un bas
jacobinisme, de cette epouse de Roland, polie et fiere, et surtout
entouree de ces orateurs si brillans et si odieux.
Pache et Roland etaient donc les deux hommes autour desquels on se
rangeait dans le conseil. Claviere, aux finances, quoiqu'il fut souvent
brouille avec tous les autres, par l'extreme irascibilite de son
caractere, revenait toujours a Roland quand il etait apaise. Lebrun,
faible, mais attache aux girondins par ses lumieres, travaillait beaucoup
avec Brissot; et les jacobins, appelant ce dernier un intrigant, disaient
qu'il etait maitre de tout le gouvernement, parce qu'il aidait Lebrun dans
les travaux de la diplomatie. Garat, en contemplant les partis d'une
hauteur metaphysique, se contentait de les juger, et ne se croyait pas
tenu de les combattre. Il semblait se croire dispense de soutenir les
girondins, parce qu'il leur decouvrait des torts, et s
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