sur les subsistances, et le
jour suivant vous poserez les bases d'une constitution libre."
Cette maniere tout a la fois emphatique et astucieuse d'annoncer les
moyens de salut, et de les faire consister dans une mesure combattue par
le cote droit, excite les girondins, et les oblige a s'expliquer sur la
grande question du proces. "Vous parlez du roi, dit Buzot; la faute des
troubles est a ceux qui voudraient le remplacer. Lorsqu'il sera temps de
s'expliquer sur son sort, je saurai le faire avec la severite qu'il a
meritee; mais il ne s'agit pas de cela ici: il s'agit des troubles, et ils
viennent de l'anarchie; l'anarchie vient de l'inexecution des lois. Cette
inexecution subsistera tant que la convention n'aura rien fait pour
assurer l'ordre." Legendre succede aussitot a Buzot, conjure ses collegues
d'ecarter toute personnalite, de ne s'occuper que de la chose publique et
des seditions qui, n'ayant d'autre objet que de sauver le roi, cesseront
quand il ne sera plus. Il propose donc a l'assemblee d'ordonner que les
opinions preparees sur le proces soient deposees sur le bureau, imprimees,
distribuees a tous les membres, et qu'on decide ensuite si Louis XVI doit
etre juge, sans perdre le temps a entendre de trop longs discours.
Jean-Bon-Saint-Andre s'ecrie qu'il n'est pas meme besoin de ces questions
preliminaires, et qu'il ne s'agit que de prononcer sur-le-champ la
condamnation et la forme du supplice. La convention decrete enfin la
proposition de Legendre, et l'impression de tous les discours. La
discussion est ajournee au 3 decembre.
Le 3, on reclame de toutes parts la mise en cause, la redaction de l'acte
d'accusation, et la determination des formes d'apres lesquelles le proces
doit s'instruire. Robespierre demande la parole, et quoiqu'il eut ete
decide que toutes les opinions seraient imprimees et non lues, il obtient
d'etre entendu, parce qu'il voulait parler, non sur le proces, mais contre
le proces lui-meme, et pour une condamnation sans jugement.
Il soutient qu'instruire un proces, c'est ouvrir une deliberation; que
permettre de deliberer, c'est permettre le doute, et une solution meme
favorable a l'accuse. Or, mettre le crime de Louis XVI en probleme, c'est
accuser les Parisiens, les federes, tous les patriotes enfin qui ont fait
la revolution du 10 aout; c'est absoudre Louis XVI, les aristocrates, les
puissances etrangeres et leurs manifestes, c'est en un mot declarer la
royaute innocente et la republique
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