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chez eux le moindre mouvement de pitie, et les accuser de royalisme, si la
grandeur dechue parvenait a les toucher.
Le parti des jacobins, qui poursuivait dans la personne de Louis XVI la
monarchie tout entiere, avait fait des progres sans doute, mais il
trouvait une opposition encore assez forte a Paris, et surtout dans le
reste de la France. Il dominait dans la capitale par son club, par la
commune, par les sections; mais la classe moyenne reprenait courage, et
lui opposait encore quelque resistance. Petion ayant refuse la mairie, le
medecin Chambon avait obtenu une grande majorite de suffrages, et avait
accepte a regret des fonctions qui convenaient peu a son caractere modere
et nullement ambitieux. Ce choix prouve la puissance que possedait encore
la bourgeoisie dans Paris meme. Et elle en avait une bien plus grande dans
le reste de la France. Les proprietaires, les commercans, toutes les
classes moyennes enfin, n'avaient deserte ni les conseils municipaux, ni
les conseils de departemens, ni les societes populaires, et envoyaient des
adresses a la majorite de la convention, dans le sens des lois et de la
moderation. Beaucoup de societes affiliees aux jacobins improuvaient la
societe-mere, et lui demandaient hautement la radiation de Marat,
quelques-unes meme celle de Robespierre. Enfin, des Bouches-du-Rhone, du
Calvados, du Finistere, de la Gironde, partaient de nouveaux federes, qui,
devancant les decrets comme au 10 aout, venaient proteger la convention et
assurer sort independance.
Les jacobins ne possedaient pas encore les armees; les etats-majors et
l'organisation militaire continuaient de les en repousser. Ils avaient
cependant envahi un ministere, celui de la guerre. Pache le leur avait
ouvert par faiblesse, et il avait remplace par des membres du club tous
ses anciens employes. On se tutoyait dans ses bureaux, on y allait en sale
costume, on y faisait des motions, et il s'y trouvait quantite de pretres
maries, introduits par Audoin, gendre de Pache, et pretre marie lui-meme.
L'un des chefs de ce ministere etait Hassenfratz, autrefois habitant de
Metz, expatrie pour cause de banqueroute, et comme tant d'autres, parvenu
a de hautes fonctions en deployant beaucoup de zele demagogique. On
renouvelait ainsi les administrations de l'armee, et, autant que possible,
on remplissait l'armee elle-meme d'une nouvelle classe et d'une nouvelle
opinion. Aussi, tandis que Roland etait voue a la haine des jacobins,
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