, ne voulant pas rester en arriere, avait cru devoir
essayer quelque entreprise eclatante. Cependant, quoique notre frontiere
du Nord fut degarnie, ses moyens n'etaient pas beaucoup plus grands que
les notres, et il put a peine reunir quinze mille hommes avec un materiel
mediocre. Feignant alors de fausses attaques sur toute la ligne des places
fortes, il provoqua la deroute de l'un de nos petits camps, et se porta
tout a coup sur Lille, pour essayer un siege que les plus grands generaux
n'avaient pu executer avec de puissantes armees et un materiel
considerable. Il n'y a que la possibilite du succes qui justifie a la
guerre les entreprises cruelles. Le duc ne put aborder qu'un point de la
place, et y etablit des batteries d'obusiers, qui la bombarderent pendant
six jours consecutifs, et incendierent plus de deux cents maisons. On dit
que l'archiduchesse Christine voulut assister elle-meme a ce spectacle
horrible. S'il en est ainsi, elle ne put etre temoin que de l'heroisme des
assieges, et de l'inutilite des barbaries autrichiennes. Les Lillois,
resistant avec une noble obstination, ne consentirent jamais a se rendre;
et, le 8 octobre, tandis que les Prussiens abandonnaient l'Argonne, le duc
Albert etait oblige de quitter Lille. Le general Labourdonnaie, arrivant
de Soissons, Beurnonville, revenant de la Champagne, le forcerent a
s'eloigner rapidement de nos frontieres, et la resistance des Lillois,
publiee par toute la France, ne fit qu'augmenter l'enthousiasme general.
A peu pres a la meme epoque, Custine tentait dans le Palatinat des
entreprises hardies, mais d'un resultat plus brillant que solide. Attache
a l'armee de Biron, qui campait le long du Rhin, il etait place avec
dix-sept mille hommes a quelque distance de Spire. La grande armee
d'invasion n'avait que faiblement protege ses derrieres, en s'avancant
dans l'interieur de la France. De faibles detachemens couvraient Spire,
Worms et Mayence. Custine s'en apercut, marcha sur Spire, et y entra sans
resistance le 30 septembre. Enhardi par le succes, il penetra le 5 octobre
dans Worms, sans rencontrer plus de difficultes, et obligea une garnison
de deux mille sept cents hommes a mettre bas les armes. Il prit ensuite
Franckenthal, et songea sur-le-champ a l'importante place de Mayence, qui
etait le point de retraite le plus important pour les Prussiens, et dans
lequel ils avaient eu l'imprudence de ne laisser qu'une mediocre garnison.
Custine, avec dix-sept mille ho
|