decharge a bout portant arrete cette cavalerie, et les hussards de
Berchini lances a propos sur elle, achevent de la mettre en fuite. Alors
Dumouriez, se mettant a la tete de ses bataillons, et entonnant avec eux
l'hymne des Marseillais, les entraine a sa suite, les porte sur les
retranchemens, renverse tout devant lui, et enleve le village de Cuesmes.
Cet exploit a peine termine, Dumouriez, toujours inquiet pour le centre,
repart au galop, suivi de quelques escadrons. Mais tandis qu'il accourt,
le jeune duc de Montpensier arrive a sa rencontre, pour lui annoncer la
victoire du centre, due principalement a son frere le duc de Chartres.
Ainsi, Jemmapes etant envahi par cote et par devant, et Cuesmes emporte,
Clerfayt ne pouvait plus opposer de resistance, et devait se retirer. Il
cede donc le terrain apres une belle defense, et abandonne a Dumouriez une
victoire cherement disputee. Il etait deux heures; nos troupes harassees
de fatigue demandaient un instant de repos: Dumouriez le leur accorde, et
fait halte sur les hauteurs memes de Jemmapes et de Cuesmes. Il comptait,
pour la poursuite de l'ennemi, sur d'Harville, qui etait charge de tourner
Berthaimont et d'aller couper les derrieres des Autrichiens. Mais l'ordre
n'etant pas assez clair et ayant ete mal compris, d'Harville s'etait tenu
en presence de Berthaimont, et en avait inutilement canonne les hauteurs.
Clerfayt se retira donc sous la protection de Beaulieu, qui n'avait pas
ete entame, et tous deux prirent la route de Bruxelles, que d'Harville ne
leur fermait pas.
La bataille avait coute aux Autrichiens quinze cents prisonniers, quatre
mille cinq cents morts ou blesses, et a peu pres autant aux Francais.
Dumouriez deguisa sa perte, et n'avoua que quelques cents hommes. On lui a
reproche de n'avoir pas, en marchant sur sa droite, tourne l'ennemi, pour
le prendre ainsi par derriere, au lieu de s'obstiner a l'attaque de gauche
et du centre. Il en avait eu l'idee en ordonnant a d'Harville de longer
Berthaimont, mais il ne s'y attacha pas assez. Sa vivacite, qui souvent
empechait la reflexion, et le desir d'une action eclatante, lui firent
preferer a Jemmapes, comme dans toute la campagne, une attaque de front.
Au reste, plein de presence d'esprit et d'ardeur au milieu de l'action, il
avait enleve nos troupes, et leur avait communique un courage heroique.
L'eclat de cette grande action fut prodigieux. La victoire de Jemmapes
remplit en un instant la France de joie,
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