et
les avaient ainsi discredites; d'ailleurs, aucun peuple n'aime a
participer aux embarras d'un autre, en acceptant le papier qui represente
ses dettes.
L'impetuosite du caractere de Dumouriez, portee jusqu'a l'imprudence, ne
permet pas de croire qu'il fut demeure depuis le 7 jusqu'au 11 a Mons, et
qu'il eut laisse le duc de Saxe-Teschen se retirer tranquillement, si des
details d'administration ne l'eussent retenu malgre lui, et n'eussent
absorbe son attention qui aurait du etre exclusivement fixee sur les
details militaires. Il forma un plan tres bien concu; c'etait de passer
lui-meme des marches avec les Belges, pour les vivres, fourrages et
approvisionnemens. Il y avait a cela une foule d'avantages. Les objets a
consommer etaient sur les lieux, et on n'avait pas a craindre les retards.
Ces achats interessaient beaucoup de Belges a la presence des armees
francaises. En payant les vendeurs en assignats, ceux-ci etaient obliges
d'en favoriser eux-memes la circulation; on se dispensait ainsi de rendre
cette circulation forcee, chose importante, car chaque individu a qui
arrive une monnaie forcee se regarde comme vole par l'autorite qui
l'impose, et c'est le moyen de blesser le plus universellement un peuple.
Dumouriez avait en outre songe a faire des emprunts au clerge, avec la
garantie de la France. Ces emprunts lui fournissaient des fonds et du
numeraire; et le clerge, quoique frappe momentanement, se sentait rassure
sur son existence et ses biens, puisqu'on traitait avec lui. Enfin la
France ayant a demander aux Belges des indemnites pour les frais d'une
guerre liberatrice, on eut affecte ces indemnites au paiement des
emprunts, et, moyennant un leger appoint, toute la guerre eut ete payee,
et Dumouriez, comme il l'avait annonce, aurait vecu aux frais de la
Belgique, sans la vexer ni la desorganiser; Mais c'etaient la des plans de
genie, et, en temps de revolution, il semble que le genie devrait prendre
un parti decide: il devrait ou prevoir les desordres et les violences qui
vont suivre, et se retirer sur-le-champ; ou en les prevoyant, s'y
resigner, et continuer a etre violent pour consentir d'etre utile a la
tete des armees ou de l'etat. Aucun homme n'a ete assez detache des choses
de ce monde, pour essayer du premier parti; il en est un qui a ete grand,
et qui a su demeurer pur en suivant le second. C'est celui qui, place au
comite de salut public, sans participer a ses actes politiques, se
renferma dans les soi
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