pieces d'artillerie, et persuada aux Autrichiens qu'il etait sur
le champ de bataille avec toute son armee. Il parvint ainsi a les
contenir, et eut le temps d'etre secouru par ses soldats, qui, apprenant
sa position critique, accouraient en toute hate pour le degager.
Il entra le 14 dans Bruxelles, et y fut arrete de nouveau par des embarras
administratifs, n'ayant ni numeraire ni aucune des ressources necessaires
a l'entretien de ses troupes. Il apprit la que le ministere avait refuse
de consentir ses derniers marches, excepte un seul, et que toutes les
anciennes administrations militaires etaient renouvelees et remplacees par
un comite dit _des achats_. Ce comite avait seul, a l'avenir, le droit
d'acheter pour l'entretien des armees, sans qu'il fut permis aux generaux
de s'en meler aucunement. C'etait la le commencement d'une revolution, qui
se preparait dans les administrations et qui allait les livrer pour un
temps a une desorganisation complete.
Les administrations qui exigent une longue pratique ou une application
speciale, sont ordinairement celles ou une revolution penetre le plus
tard, parce qu'elles excitent moins l'ambition, et que d'ailleurs la
necessite d'y conserver des sujets capables les garantit de la fureur des
renouvellemens. Ainsi on n'avait opere presque aucun changement dans les
etats-majors, dans les corps savans de l'armee, dans les bureaux des
divers ministeres, dans les anciennes regies des vivres, et surtout dans
la marine, qui est de toutes les parties de l'art militaire celle qui
exige les connaissances les plus speciales. Aussi ne manquait-on pas de
crier contre les aristocrates dont ces corps etaient remplis, et on
reprochait au conseil executif de ne pas les renouveler. L'administration
qui soulevait le plus d'irritation etait celle des vivres. On adressait de
justes reproches aux fournisseurs, qui, par disposition d'etat, et surtout
a la faveur de ce moment de desordre, exigeaient dans tous leurs marches
des prix exorbitans, donnaient les plus mauvaises marchandises aux
troupes, et volaient l'etat avec impudence. Il n'y avait qu'un cri de
toutes parts contre leurs exactions. Us avaient surtout un adversaire
inexorable dans le depute Cambon de Montpellier. Passionne pour les
matieres de finances et d'economie publique, ce depute s'etait acquis un
grand ascendant dans les discussions de ce genre, et jouissait de toute la
confiance de l'assemblee. Quoique democrate prononce, il m'avait ce
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