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accueilli dans toute la Champagne, il le fut encore mieux a Paris, surtout
par les ministres et par Roland lui-meme, qui mettait ses ressentimens
personnels au neant, quand il s'agissait de la chose publique. Il se
presenta le 12 a la convention. A peine l'eut-on annonce, que des
applaudissemens meles d'acclamations s'eleverent de toutes parts. Il
prononca un discours simple, energique, ou etait brievement retracee toute
la campagne de l'Argonne, et ou ses troupes et Kellermann lui-meme etaient
traites avec les plus grands eloges. Son etat-major presenta ensuite un
drapeau pris sur les emigres, et l'offrit a l'assemblee comme un monument
de la vanite de leurs projets. Aussitot apres, les deputes se haterent de
l'entourer, et on leva la seance pour donner un libre cours aux
felicitations. Ce furent surtout les nombreux deputes de la Plaine, les
_impartiaux_, comme on les appelait, qui, n'ayant a lui reprocher ni
rupture ni tiedeur revolutionnaire, lui temoignerent le plus vif et le
plus sincere empressement. Les girondins ne resterent pas en arriere;
cependant, soit par la faute de Dumouriez, soit par la leur, la
reconciliation ne fut pas entiere, et on put apercevoir entre eux un reste
de froideur. Les montagnards, qui lui avaient reproche un moment
d'attachement pour Louis XVI, et qui le trouvaient, par ses manieres, son
merite et son elevation, deja trop semblable aux girondins, lui surent
mauvais gre des temoignages qu'il obtint de leur part, et supposerent ces
temoignages plus significatifs qu'ils ne l'etaient reellement.
Apres la convention, restait a visiter les jacobins, et cette puissance
etait alors devenue si imposante, que le general victorieux ne pouvait se
dispenser de lui rendre hommage. C'est la que l'opinion en fermentation
formait tous ses projets et rendait tous ses arrets. S'agissait-il d'une
loi importante, d'une haute question politique, d'une grande mesure
revolutionnaire, les jacobins, toujours plus prompts, se hataient d'ouvrir
la discussion et de donner leur avis. Immediatement apres, ils se
repandaient dans la commune, dans les sections, ils ecrivaient a tous les
clubs affilies; et l'opinion qu'ils avaient emise, le voeu qu'ils avaient
forme, revenaient sous forme d'adresse de tous les points de la France, et
sous forme de petition armee, de tous les quartiers de Paris. Lorsque,
dans les conseils municipaux, dans les sections, et dans toutes les
assemblees revetues d'une autorite quelconque,
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