ils.
Cette affreuse declaration termina la seance. Robespierre n'avait point
paru, et il ne parut pas de toute cette semaine, preparant sa reponse, et
laissant ses partisans disposer l'opinion. Pendant ce temps, la commune de
Paris persistait dans sa conduite et son systeme. On disait qu'elle avait
enleve jusqu'a dix millions, dans la caisse de Septeuil, tresorier de la
liste civile; et, dans le moment meme, elle faisait repandre une adresse,
a toutes les municipalites contre le projet de donner une garde a la
convention. Barbaroux proposa aussitot quatre decrets formidables et
parfaitement concus.
Par le premier, la capitale devait perdre le droit de posseder la
representation nationale, quand elle n'aurait pas su la proteger contre
les insultes ou les violences;
Par le second, les federes et les gendarmes nationaux devaient,
concurremment avec les sections armees de Paris, garder la representation
nationale et les etablissemens publics;
Par le troisieme, la convention devait se constituer en cour de justice
pour juger les conspirateurs;
Par le quatrieme enfin, la convention cassait la municipalite de Paris.
Ces quatres decrets etaient parfaitement adaptes, aux circonstances, et
convenaient aux vrais dangers du moment; mais, pour les rendre, il aurait
fallu avoir toute la puissance qui ne pouvait resulter que des decrets
memes. Pour se creer des moyens d'energie, il faut l'energie, et tout
parti modere qui veut arreter un parti violent, est dans un cercle vicieux
dont il ne peut jamais sortir. Sans doute la majorite, penchant pour les
girondins, aurait pu rendre les decrets, mais c'etait sa moderation qui la
faisait pencher pour eux, et sa moderation meme lui conseillait
d'attendre, de temporiser, de se fier a l'avenir, et d'ecarter tout moyen
trop tot energique. L'assemblee repoussa meme un decret beaucoup moins
rigoureux; c'etait le premier de ceux dont on avait confie la redaction a
la commission des neuf. Buzot le proposait, et il etait relatif aux
provocateurs au meurtre et a l'incendie. Toute provocation directe etait
punie de mort, et la provocation indirecte punie de dix annees de fers.
L'assemblee trouva la provocation directe trop severement punie, et la
provocation indirecte trop vaguement definie et trop difficile a
atteindre. Buzot dit en vain qu'il fallait des mesures revolutionnaires,
et par consequent arbitraires, contre les adversaires qu'on voulait
combattre; il ne fut pas ecoute, et il ne
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