qu'elles seraient ebranlees par le feu des batteries.
C'est en presence de ce camp si fortement retranche que s'etablit
Dumouriez. Il forma son armee en demi-cercle, parallelement aux positions
de l'ennemi. Le general d'Harville, qui venait d'operer sa jonction avec
le corps de bataille, dans la soiree du 5, fut destine a manoeuvrer sur
l'extreme droite de notre ligne. Des le 6 au matin, il devait, longeant
les positions de Beaulieu, s'efforcer de les tourner, et occuper ensuite
les hauteurs en arriere de Mons, seule retraite des Autrichiens.
Beurnonville, formant la droite meme de notre attaque, avait ordre de
marcher sur le village de Cuesmes. Le duc de Chartres, qui servait dans
notre armee avec le grade de general, et qui ce jour-la commandait au
centre, devait aborder Jemmapes de front, et tacher en meme temps de
penetrer par la trouee qui separait Jemmapes de Cuesmes. Enfin le general
Ferrand, revetu du commandement de la gauche, etait charge de traverser un
petit village nomme Quaregnon, et de se porter sur le flanc de Jemmapes.
Toutes ces attaques devaient s'executer en colonnes par bataillons, la
cavalerie etant prete a les soutenir par derriere et sur les cotes. Notre
artillerie fut disposee de maniere a battre chaque redoute en flanc, et a
eteindre ses feux s'il etait possible. Une reserve d'infanterie et de
cavalerie attendait l'evenement derriere le ruisseau de Wame.
Pendant la nuit du 5 au 6, le general Beaulieu ouvrit l'avis de sortir des
retranchemens et de fondre inopinement sur les Francais, pour les
deconcerter par une attaque brusque et nocturne. Cet avis energique ne fut
pas suivi, et le 6 a huit heures du matin, les Francais etaient en
bataille, pleins de courage et d'esperance, quoique sous un feu meurtrier
et a la vue de retranchemens presque inabordables. Soixante mille hommes
couvraient le champ de bataille, et cent bouches a feu retentissaient sur
le front des deux armees.
La canonnade fut engagee des le matin; Dumouriez ordonna aux generaux
Ferrand et Beurnonville de commencer l'attaque, l'un a gauche et l'autre a
droite, tandis que lui-meme attendrait au centre le moment d'agir, et que
d'Harville, longeant les positions de Beaulieu, irait fermer la retraite.
Ferrand attaqua mollement, et Beurnonville ne parvint pas a eteindre le
feu des Autrichiens.
Il etait onze heures, et l'ennemi n'etait pas assez ebranle sur les cotes
pour qu'on put l'aborder de front. Alors Dumouriez envoya son f
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