ir le pret aux soldats, qui, entrant dans un pays ou
les assignats n'avaient pas cours, devaient payer en argent tout ce qu'ils
acheteraient. On promit tout, et Dumouriez, excitant l'ardeur de ses
troupes, les encourageant par la perspective d'une conquete prochaine et
assuree, les porta en avant, quoique depourvues de ce qui etait necessaire
pour une campagne d'hiver et sous un climat rigoureux.
La marche de Valence, retardee par une diversion sur Longwy, et par le
denuement de tous les effets militaires, qui n'arriverent qu'en novembre,
permit a Clerfayt de passer sans obstacle du Luxembourg dans la Belgique,
et de joindre le duc Albert avec douze mille hommes. Dumouriez, renoncant
pour le moment a se servir de Valence, rapprocha de lui la division du
general d'Harville, et portant ses troupes entre Quarouble et Quievrain,
se hata de joindre l'armee ennemie. Le duc Albert, fidele au systeme
autrichien, avait forme un cordon de Tournay jusqu'a Mons, et, quoiqu'il
eut trente mille hommes, il n'en reunissait guere que vingt devant la
ville de Mons. Dumouriez le serrant de pres, arriva le 3 novembre devant
le moulin de Boussu, et ordonna a son avant-garde, commandee par le brave
Beurnonville, de chasser l'ennemi poste sur les hauteurs. L'attaque
reussit d'abord, mais repoussee ensuite, notre avant-garde fut obligee de
se retirer. Dumouriez sentant combien il importait de ne pas reculer au
debut, reporta Beurnonville en avant, fit enlever tous les postes ennemis,
et le 5 au soir se trouva en presence des Autrichiens, retranches sur les
hauteurs qui bordent la ville de Mons.
Ces hauteurs, disposees circulairement en avant de la place, portent trois
villages, Jemmapes, Cuesmes et Berthaimont. Les Autrichiens, qui
s'attendaient a y etre attaques, avaient forme l'imprudente resolution de
s'y maintenir, et avaient mis des long-temps le plus grand soin a s'y
rendre inexpugnables. Clerfayt occupait Jemmapes et Cuesmes; un peu plus
loin, Beaulieu campait au-dessus de Berthaimont. Des pentes rapides, des
bois, des abatis, quatorze redoutes, une artillerie formidable rangee en
etages, et vingt mille hommes, protegeaient ces positions et en rendaient
l'abord presque impossible. Des chasseurs tyroliens remplissaient les bois
qui s'etendaient au-dessous des hauteurs. La cavalerie, placee dans
l'intervalle des coteaux, et surtout dans la trouee qui separait Jemmapes
de Cuesmes, etait prete a deboucher et a fondre sur nos colonnes, des
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