ort
de Louis XVI et de sa famille. Le plus profond silence avait ete observe a
cet egard dans l'assemblee, et on en parlait partout, aux Jacobins, a la
commune, dans tous les lieux particuliers ou publics, excepte seulement a
la convention. Des emigres avaient ete saisis les armes a la main, et on
les conduisait a Paris pour leur appliquer les lois criminelles. A
ce sujet, une voix s'eleva (c'etait la premiere), et demanda si, au lieu
de s'occuper de ces coupables subalternes, on ne songerait pas a ces
coupables plus eleves renfermes au Temple. A ce mot, un profond silence
regna dans l'assemblee. Barbaroux prit le premier la parole, et demanda
qu'avant de savoir si la convention jugerait Louis XVI, on decidat si la
convention serait corps judiciaire, car elle avait d'autres coupables a
juger que ceux du Temple. En elevant cette question, Barbaroux faisait
allusion au projet d'instituer la convention en cour extraordinaire, pour
juger elle-meme _les agitateurs, les triumvirs_, etc. Apres quelques
debats, la proposition fut renvoyee au comite de legislation, pour
examiner les questions auxquelles elle donnait naissance.
CHAPITRE II.
SITUATION MILITAIRE A LA FIN D'OCTOBRE 1792.--BOMBARDEMENT DE LILLE PAR
LES AUTRICHIENS; PRISE DE WORMS ET DE MAYENCE PAR CUSTINE.--FAUTE DE NOS
GENERAUX.--MAUVAISES OPERATIONS DE CUSTINE.--ARMEE DES ALPES.--CONQUETE DE
LA SAVOIE ET DE NICE.--DUMOURIEZ SE REND A PARIS: SA POSITION A L'EGARD
DES PARTIS.--INFLUENCE ET ORGANISATION DU CLUB DES JACOBINS.--ETAT DE LA
SOCIETE FRANCAISE; SALONS DE PARIS.--ENTREVUE DE MARAT ET DE DUMOURIEZ.
--ANECDOTE.--SECONDE LUTTE DES GIRONDINS AVEC LES MONTAGNARDS; LOUVET
DENONCE ROBESPIERRE; REPONSE DE ROBESPIERRE; L'ASSEMBLEE NE DONNE PAS
SUITE A SON ACCUSATION.--PREMIERES PROPOSITIONS SUR LE PROCES DE
LOUIS XVI.
Dans ce moment, la situation militaire de la France etait bien changee. On
touchait a la mi-octobre; deja l'ennemi etait repousse de la Champagne et
de la Flandre, et le sol etranger envahi sur trois points, le Palatinat,
la Savoie et le comte de Nice.
On a vu les Prussiens se retirant du camp de la Lune, reprenant la route
de l'Argonne, jonchant les defiles de morts et de malades, et n'echappant
a une perte totale que par la negligence de nos generaux qui poursuivaient
chacun un but different. Le duc de Saxe-Teschen n'avait pas mieux reussi
dans son attaque sur les Pays-Bas. Tandis que les Prussiens marchaient sur
l'Argonne, ce prince
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