mmes et sans materiel, ne pouvait tenter un
siege, mais il essaya d'un coup de main. Les idees qui avaient souleve la
France agitaient toute l'Allemagne, et particulierement les villes a
universite; Mayence en etait une, et Custine y pratiqua des intelligences.
Il s'approcha des murs, s'en eloigna sur la fausse nouvelle de l'arrivee
d'un corps autrichien, s'y reporta de nouveau, et, faisant de grands
mouvemens, trompa l'ennemi sur la force de son armee. On delibera dans la
place. Le projet de capitulation fut fortement appuye par les partisans
des Francais, et le 21 octobre les portes furent ouvertes a Custine. La
garnison mit bas les armes, excepte huit cents Autrichiens, qui
rejoignirent la grande armee. La nouvelle de ces succes se repandit avec
eclat, et causa une sensation extraordinaire. Ils avaient sans doute bien
peu coute, ils etaient bien peu meritoires, compares a la constance des
Lillois et au magnanime sang-froid deploye a Sainte-Menehould; mais on
etait enchante de passer de la simple resistance a la conquete. Jusque-la
tout etait bien de la part de Custine, si, appreciant sa position, il eut
su terminer la campagne par un mouvement qui etait possible et decisif.
En cet instant, les trois armees de Dumouriez, de Kellermann et de
Custine, etaient, par la plus heureuse rencontre, placees de maniere a
detruire les Prussiens et a conquerir par une seule marche toute la ligne
du Rhin jusqu'a la mer. Si Dumouriez, moins preoccupe d'une autre idee,
eut garde Kellermann sous ses ordres, et eut poursuivi les Prussiens avec
ses quatre-vingt mille hommes; si en meme temps Custine, descendant le
Rhin de Mayence a Coblentz, se fut jete sur leurs derrieres, on les aurait
accables infailliblement. Suivant ensuite le cours du Rhin jusqu'en
Hollande, on prenait le duc Albert a revers, on l'obligeait a deposer les
armes ou a se faire jour, et tous les Pays-Bas etaient soumis. Treves et
Luxembourg, compris dans la ligne que nous avions decrite, tombaient
necessairement; tout etait France jusqu'au Rhin, et la campagne se
trouvait terminee en un mois. Le genie abondait chez Dumouriez, mais ses
idees avaient pris un autre cours. Brulant de retourner en Belgique, il ne
songeait qu'a y marcher directement, pour secourir Lille et pousser de
front le duc Albert. Il laissa donc Kellermann seul a la poursuite des
Prussiens. Celui-ci pouvait encore se porter sur Coblentz, en passant
entre Luxembourg et Treves, tandis que Custine descen
|