hould, et la canonnade du 21, si heureuse pour nos armes,
n'etait pas encore connue a Paris. Le lendemain 22, Billaud-Varennes
proposa de dater, non plus de l'an 4 de la liberte, mais de l'an 1er de la
republique. Cette proposition fut adoptee. L'annee 1789 ne fut plus
consideree comme ayant commence la liberte, et la nouvelle ere
republicaine s'ouvrit ce jour meme, 22 septembre 1792.
Le soir on apprit la canonnade de Valmy, et la joie commenca a se
repandre. Sur la demande des citoyens d'Orleans, qui se plaignaient de
leurs magistrats, il fut decrete que tous les membres des corps
administratifs et des tribunaux seraient reelus, et que les conditions
d'eligibilite, fixees par la constitution de 91, seraient considerees
comme nulles. Il n'etait plus necessaire de prendre les juges parmi les
legistes, ni les administrateurs dans une certaine classe de
proprietaires. Deja l'assemblee legislative avait aboli le marc d'argent,
et attribue a tous les citoyens en age de majorite la capacite electorale.
La convention acheva d'effacer les dernieres demarcations, en appelant
tous les citoyens a toutes les fonctions les plus diverses. Ainsi fut
commence le systeme de l'egalite absolue.
Le 23, tous les ministres furent entendus. Le depute Gambon fit un rapport
sur l'etat des finances. Les precedentes assemblees avaient decrete la
fabrication de deux milliards sept cents millions d'assignats; deux
milliards cinq cents millions avaient ete depenses; restait deux cents
millions, dont cent soixante-seize etaient encore a fabriquer, et dont
vingt-quatre se trouvaient en caisse. Les impots etaient retenus par les
departemens pour les achats de grains ordonnes par la derniere assemblee;
il fallait de nouvelles ressources extraordinaires. La masse des biens
nationaux s'augmentant tous les jours par l'emigration, on ne craignait
pas d'emettre le papier qui les representait, et on n'hesita pas a le
faire: une nouvelle creation d'assignats fut donc ordonnee.
Roland fut entendu sur l'etat de la France et de la capitale. Aussi severe
et plus hardi encore qu'au 3 septembre, il exposa avec energie les
desordres de Paris, les causes et les moyens de les prevenir. Il
recommanda l'institution prompte d'un gouvernement fort et vigoureux,
comme la seule garantie d'ordre dans les etats libres. Son rapport,
entendu avec faveur, fut couvert d'applaudissemens, et n'excita cependant
aucune explosion chez ceux qui se regardaient comme accuses des qu'il
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