memes. Lorsqu'il en sera
temps, il arrachera le voile qu'il ne fait que soulever, dut-il perir sous
leurs coups."
Cependant les triumvirs n'etaient pas nommes. Osselin monte a la tribune
et designe la deputation de Paris, dont il est membre; il dit que c'est
contre elle qu'on s'etudie a exciter des defiances, qu'elle n'est ni assez
profondement ignorante, ni assez profondement scelerate, pour avoir concu
des projets de triumvirat et de dictature; qu'il fait serment du
contraire, et demande l'anatheme et la mort contre le premier qui serait
surpris meditant de pareils projets. "Que chacun, ajoute-t-il, me suive a
la tribune, et y fasse la meme declaration:--Oui, s'ecrie Rebecqui, le
courageux ami de Barbaroux; oui, ce parti accuse de projets tyranniques
existe, et je le nomme: c'est le parti Robespierre. Marseille le connait,
et nous envoie ici pour le combattre."
Cette apostrophe hardie cause une grande rumeur dans l'assemblee. Les yeux
se dirigent sur Robespierre. Danton se hate de prendre la parole pour
apaiser ces divisions, et ecarter des accusations qu'il savait en partie
dirigees contre lui-meme. "Ce sera, dit-il, un beau jour pour la
republique que celui ou une explication franche et fraternelle calmera
toutes ces defiances. On parle de dictateurs, de triumvirs; mais cette
accusation est vague et doit etre signee.--Moi je la signerai, s'ecrie de
nouveau Rebecqui, en s'elancant au bureau.--Soit, repond Danton; s'il est
des coupables, qu'ils soient immoles, fussent-ils les meilleurs de mes
amis. Pour moi, ma vie est connue. Dans les societes patriotiques, au 10
aout, au conseil executif, j'ai servi la cause de la liberte sans aucune
vue personnelle, et avec _l'energie de mon temperament_. Je ne crains donc
pas les accusations pour moi-meme; mais je veux les epargner a tout le
monde. Il est, j'en conviens, dans la deputation de Paris, un homme qu'on
pourrait appeler le _Royou_ des republicains: c'est Marat. Souvent on m'a
accuse d'etre l'instigateur de ses placards; mais j'invoque le temoignage
du president, et je lui demande de declarer si, dans la commune et les
comites, il ne m'a pas vu souvent aux prises avec Marat. Au reste, cet
ecrivain tant accuse a passe une partie de sa vie dans les souterrains et
les cachots. La souffrance a altere son humeur, il faut excuser ses
emportemens. Mais laissez la des discussions tout individuelles, et tachez
de les faire servir a la chose publique. Portez la peine de mort con
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