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quiconque proposera la dictature ou le triumvirat." Cette motion est
couverte d'applaudissemens. "Ce n'est pas tout, reprend Danton, il est une
autre crainte repandue dans le public, et il faut la dissiper. On pretend
qu'une partie des deputes medite le regime federatif, et la division de la
France en une foule de sections. Il nous importe de former un tout.
Declarez donc, par un autre decret, l'unite de la France et de son
gouvernement. Ces bases posees, ecartons nos defiances, soyons unis, et
marchons a notre but!"
Buzot repond a Danton que la dictature se prend, mais ne se demande pas,
et que porter des lois contre cette demande est illusoire; que quant au
systeme federatif, personne n'y a songe; que la proposition d'une garde
departementale est un moyen d'unite, puisque tous les departemens seront
appeles a garder en commun la representation nationale; qu'au reste, il
peut etre bon de faire une loi sur ce sujet, mais qu'elle doit etre
murement reflechie, et qu'en consequence il faut renvoyer les propositions
de Danton a la commission des six; decretee la veille.
Robespierre, personnellement accuse, demande a son tour la parole. D'abord
il annonce que ce n'est pas lui qu'il va defendre, mais la chose publique,
attaquee dans sa personne. S'adressant a Rebecqui: "Citoyen, lui dit-il,
qui n'avez pas craint de m'accuser, je vous remercie. Je reconnais a votre
courage la cite celebre qui vous a depute. La patrie, vous et moi, nous
gagnerons tous a cette accusation.
"On designe, continue-t-il, un parti qui medite une nouvelle tyrannie, et
c'est moi qu'on en nomme le chef. L'accusation est vague; mais, grace a
tout ce que j'ai fait pour la liberte, il me sera facile d'y repondre.
C'est moi qui, dans la constituante, ai pendant trois ans combattu toutes
les factions, quelque nom qu'elles empruntassent; c'est moi qui ai
combattu contre la cour, dedaigne ses presens; c'est moi...--Ce n'est pas
la question, s'ecrient plusieurs deputes.--Il faut qu'il se justifie,
repond Tallien.--Puisqu'on m'accuse, reprend Robespierre, de trahir la
patrie, n'ai-je pas le droit d'opposer ma vie toute entiere?" Il
recommence alors l'enumeration de ses doubles services contre
l'aristocratie et contre les faux patriotes qui prenaient le masque de la
liberte. En disant ces mots, il montrait le cote droit de la Convention.
Osselin lui-meme, fatigue de cette enumeration, interrompt Robespierre, et
lui demande de donner une explication franch
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