Paris, de la former en
cour de justice, pour juger sans appel les conspirateurs, de lui composer
enfin une garde particuliere prise dans les quatre-vingt-trois
departemens. Ces projets n'eurent aucune suite et ne servirent qu'a
irriter les passions. Les girondins s'en reposerent sur la conscience
publique, qui, suivant eux, allait se soulever aux accens de leur
eloquence et au recit des crimes qu'ils devaient denoncer. Ils se
donnerent rendez-vous a la tribune de la convention pour y ecraser leurs
adversaires.
[Note 1: Voyez Durand-Maillanne, Dumouriez, Meillan, et tous les
contemporains.]
Enfin, le 20 septembre, les deputes a la convention se reunirent aux
Tuileries pour constituer la nouvelle assemblee. Leur nombre etant
suffisant, ils se constituerent provisoirement, verifierent leurs
pouvoirs, et procederent de suite a la nomination du bureau. Petion fut
presque a l'unanimite proclame president. Brissot, Condorcet, Rabaud
Saint-Etienne, Lasource, Vergniaud et Camus, furent elus secretaires. Ces
choix prouvent quelle etait alors dans rassemblee l'influence du parti
girondin.
L'assemblee legislative, qui depuis le 10 aout avait ete en permanence,
fut informee, le 21, par une deputation, que la convention nationale etait
formee, et que la legislature etait terminee. Les deux assemblees n'eurent
qu'a se confondre l'une dans l'autre, et la convention alla occuper la
salle de la legislative.
Des le 21, Manuel, procureur-syndic de la commune, suspendu apres le 20
juin avec Petion, devenu tres populaire a cause de cette suspension,
enrole des-lors avec les furieux de la commune, mais depuis eloigne d'eux,
et rapproche des girondins a la vue des massacres de l'Abbaye; Manuel fait
le jour meme une proposition qui excite une grande rumeur parmi les
ennemis de la Gironde: "Citoyens representans, dit-il, il faut ici que
tout respire un caractere de dignite et de grandeur qui impose a
l'univers. Je demande que le _president de la France_ soit loge dans le
palais national des Tuileries, qu'il soit precede de la force publique et
des signes de la loi, et que les citoyens se levent a son aspect." A ces
mots, le capucin Chabot, le secretaire de la commune Tallien, s'elevent
avec vehemence contre ce ceremonial, imite de la royaute. Chabot dit que
les representans du peuple doivent s'assimiler aux citoyens des rangs
desquels ils sortent, aux sans-culottes, qui forment la majorite de la
nation. Tallien ajoute qu'on ira cherche
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