ederatif, et s'il y aurait une grande erreur ou un grand forfait a
preparer a la France un sort pareil. Buzot surtout soutenait souvent cette
doctrine, et Brissot, grand admirateur des Americains, la defendait
egalement, plutot comme opinion philosophique que comme projet applicable
a la France. Ces conversations divulguees donnerent plus de poids a la
calomnie du federalisme. Aux Jacobins, on agita gravement la question du
federalisme, et on souleva mille fureurs contre les girondins. On
pretendit qu'ils voulaient detruire le faisceau de la puissance
revolutionnaire, lui enlever cette unite qui en faisait la force, et cela,
pour se faire rois dans leurs provinces. Les girondins repondirent de leur
cote par des reproches plus reels, mais qui malheureusement etaient
exageres aussi, et qui perdaient de leur force en perdant de leur verite.
Ils reprochaient a la commune de s'etre rendue souveraine, d'avoir par ses
usurpations empiete sur la souverainete nationale, et de s'etre arroge a
elle seule une puissance qui n'appartenait qu'a la France entiere. Ils lui
reprochaient de vouloir dominer la convention, comme elle avait opprime
l'assemblee legislative; ils disaient qu'en siegeant aupres d'elle, les
mandataires nationaux n'etaient pas en surete, et qu'ils siegeraient au
milieu des assassins de septembre. Ils l'accusaient d'avoir deshonore la
revolution pendant les quarante jours qui suivirent le 10 aout, et de
n'avoir rempli la deputation de Paris que d'hommes signales pendant ces
horribles saturnales. Jusque-la tout etait vrai. Mais ils ajoutaient des
reproches aussi vagues que ceux de federalisme dont eux-memes etaient
l'objet. Ils accusaient hautement Marat, Danton et Robespierre, d'aspirer
a la supreme puissance; Marat, parce qu'il ecrivait tous les jours qu'il
fallait un dictateur pour purger la societe des membres impurs qui la
corrompaient; Robespierre, parce qu'il avait dogmatise a la commune, et
parle avec insolence a l'assemblee, et parce que, a la veille du 10 aout,
Panis l'avait propose a Barbaroux comme dictateur; Danton enfin, parce
qu'il exercait sur le ministere, sur le peuple, et partout ou il se
montrait, l'influence d'un etre puissant. On les nommait les triumvirs,
et cependant il n'y avait guere d'union entre eux. Marat n'etait qu'un
systematique insense; Robespierre n'etait encore qu'un jaloux, mais il
n'avait pas assez de grandeur pour etre un ambitieux; Danton enfin etait
un homme actif, passionne pour
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