t les equiper. Une belle armee se
preparait ainsi dans le Frioul, avec les debris de Wurmser, avec les
troupes venues de Pologne et de Turquie, avec les detachemens du Rhin,
et les recrues. Le marechal Alvinzy etait charge d'en prendre le
commandement. On esperait que cette troisieme armee serait plus heureuse
que les deux precedentes, et qu'elle finirait par arracher l'Italie a
son jeune conquerant.
Dans cet intervalle, Bonaparte ne cessait de demander des secours, et de
conseiller des negociations avec les puissances italiennes qui etaient
sur ses derrieres. Il pressait le directoire de traiter avec Naples,
de renouer les negociations avec Rome, de conclure avec Genes, et de
negocier une alliance offensive et defensive avec le roi de Piemont,
pour lui procurer des secours en Italie, si on ne pouvait pas lui
en envoyer de France. Il voulait qu'on lui permit de proclamer
l'independance de la Lombardie, et celle des etats du duc de Modene,
pour se faire des partisans et des auxiliaires fortement attaches a sa
cause. Ses vues etaient justes, et la detresse de son armee legitimait
ses vives instances. La rupture des negociations avec le pape avait fait
retrograder une seconde fois la contribution imposee par l'armistice de
Bologne. Il n'y avait eu qu'un paiement d'execute. Les contributions
frappees sur Parme, Modene, Milan, etaient epuisees, soit par les
depenses de l'armee, soit par les envois faits au gouvernement. Venise
fournissait bien des vivres; mais le pret etait arriere. Les valeurs
a prendre sur le commerce etranger a Livourne etaient encore en
contestation. Au milieu des plus riches pays de la terre, l'armee
commencait a eprouver des privations. Mais son plus grand malheur etait
le vide de ses rangs, eclaircis par le canon autrichien. Ce n'etait pas
sans de grandes pertes qu'elle avait detruit tant d'ennemis. On l'avait
renforcee de neuf a dix mille hommes depuis l'ouverture de la campagne,
ce qui avait porte a cinquante mille a peu pres le nombre des Francais
entres en Italie; mais elle en avait tout au plus trente et quelques
mille dans le moment; le feu et les maladies l'avaient reduite a
ce petit nombre. Une douzaine de bataillons de la Vendee venaient
d'arriver, mais singulierement diminues par les desertions; les autres
detachemens promis n'arrivaient pas. Le general Willot, qui commandait
dans le Midi, et qui etait charge de diriger sur les Alpes plusieurs
regimens, les retenait pour apaiser les trouble
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