generale, et
commencaient leur fortune. Quant aux fournisseurs, ils deployaient un
faste scandaleux, et ils achetaient avec le prix de leurs exactions les
faveurs des plus belles actrices de l'Italie. Bonaparte, qui avait en
lui toutes les passions, mais qui, dans le moment, etait livre a une
seule, la gloire, vivait d'une maniere simple et severe, ne cherchait de
delassement qu'aupres de sa femme, qu'il aimait avec tendresse, et
qu'il avait fait venir a son quartier-general. Indigne des desordres de
l'administration, il portait un regard severe sur les moindres details,
verifiait lui-meme la gestion des compagnies, faisait poursuivre les
administrateurs infideles, et les denoncait impitoyablement. Il leur
reprochait surtout de manquer de courage, et d'abandonner l'armee les
jours de peril. Il recommandait au directoire de choisir des hommes
d'une energie eprouvee; il voulait l'institution d'un syndicat, qui
jugeant comme un jury, put, sur sa simple conviction, punir des delits
qui n'etaient jamais prouvables materiellement. Il pardonnait volontiers
a ses soldats et a ses generaux des jouissances qui n'etaient pas pour
eux les delices de Capoue; mais il avait une haine implacable pour tous
ceux qui s'enrichissaient aux depens de l'armee, sans la servir de leurs
exploits ou de leurs soins.
Il avait apporte la meme attention et la meme activite dans ses
relations avec les puissances italiennes. Dissimulant toujours avec
Venise, dont il voyait les armemens dans les lagunes et les montagnes du
Bergamasque, il differa toute explication jusqu'apres la reddition de
Mantoue. Provisoirement il fit occuper par ses troupes le chateau de
Bergame, qui avait garnison venitienne, et donna pour raison qu'il ne
le croyait pas assez bien garde pour resister a un coup de main des
Autrichiens. Il se mit ainsi a l'abri d'une perfidie, et imposa aux
nombreux ennemis qu'il avait dans Bergame. Dans la Lombardie et la
Cispadane, il continua a favoriser l'esprit de liberte, reprimant le
parti autrichien et papal, et moderant le parti democratique, qui, dans
tous les pays, a besoin d'etre contenu. Il se maintint en amitie avec
le roi de Piemont et le duc de Parme. Il se transporta de sa personne
a Bologne, pour terminer une negociation avec le duc de Toscane, et
imposer a la cour de Rome. Le duc de Toscane etait incommode par la
presence des Francais a Livourne; de vives discussions s'etaient elevees
avec le commerce livournais sur les marchand
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