t, et les oblige a se retirer
en desordre. La quatorzieme, venant immediatement apres ces deux
demi-brigades, se forme en crochet pour couvrir le reste de la ligne, et
resiste avec un admirable courage. Les Autrichiens se reunissent contre
elle, et sont pres de l'accabler. Ils veulent surtout lui enlever ses
canons, dont les chevaux ont ete tues. Deja ils arrivent sur les
pieces, lorsqu'un officier s'ecrie: "Grenadiers de la quatorzieme,
laisserez-vous enlever vos pieces?" Sur-le-champ cinquante hommes
s'elancent a la suite du brave officier, repoussent les Autrichiens,
s'attellent aux pieces, et les ramenent.
Bonaparte, voyant le danger, laisse Berthier sur le point menace,
et part au galop pour Rivoli, afin d'aller chercher du secours. Les
premieres troupes de Massena arrivaient a peine, apres avoir marche
toute la nuit. Bonaparte se saisit de la trente-deuxieme, devenue
fameuse par ses exploits durant la campagne, et la porte a la gauche,
pour rallier les deux demi-brigades qui avaient plie. L'intrepide
Massena s'avance a sa tete, rallie derriere lui les troupes rompues,
et renverse tout ce qui se presente a sa rencontre. Il repousse les
Autrichiens, et vient se placer a cote de la quatorzieme, qui n'avait
cesse de faire des prodiges de valeur. Le combat se trouve ainsi retabli
sur ce point, et l'armee occupe le demi-cercle du plateau. Mais l'echec
momentane de la gauche avait oblige Joubert a se replier avec la droite;
il cedait du terrain, et deja l'infanterie autrichienne se rapprochait
une seconde fois du point que Bonaparte avait mis tant d'interet a lui
faire abandonner; elle allait joindre le debouche par lequel le chemin
tournant d'Incanale aboutissait sur le plateau. Dans ce meme instant, la
colonne composee d'artillerie et de cavalerie, et precedee de plusieurs
bataillons de grenadiers, gravissait le chemin tournant, et, avec des
efforts incroyables de bravoure, en repoussait la trente-neuvieme.
Wukassovich, de l'autre rive de l'Adige, lancait une grele de boulets
pour proteger cette espece d'escalade. Deja les grenadiers avaient gravi
le sommet du defile, et la cavalerie debouchait a leur suite sur le
plateau. Ce n'etait pas tout: la colonne de Lusignan, dont on avait
vu au loin les feux, et qu'on avait apercue a la gauche tournant la
position des Francais, venait se mettre sur leurs derrieres, intercepter
la route de Verone, et barrer le chemin a Rey, qui arrivait de
Castel-Novo avec la division de reser
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