yrol. Wurmser est renforce de nouveau, comme l'avait ete Beaulieu;
Bonaparte le previent dans le Tyrol, remonte l'Adige, culbute tout
devant lui a Roveredo, se jette a travers la vallee de la Brenta, coupe
Wurmser qui croyait le couper lui-meme, le terrasse a Bassano, et
l'enferme dans Mantoue. C'est la seconde armee autrichienne detruite
apres avoir ete renforcee.
Bonaparte, toujours negociant, menacant des bords de l'Adige, attend la
troisieme armee. Elle est formidable, elle arrive avant qu'il ait recu
des renforts, il est force de ceder devant elle; il est reduit au
desespoir, il va succomber, lorsqu'il trouve, au milieu d'un marais
impraticable, deux lignes debouchant dans les flancs de l'ennemi, et s'y
jette avec une incroyable audace. Il est vainqueur encore a Arcole. Mais
l'ennemi est arrete, et n'est pas detruit; il revient une derniere
fois, et plus puissant que les premieres. D'une part, il descend des
montagnes; de l'autre, il longe le Bas-Adige. Bonaparte decouvre le seul
point ou les colonnes autrichiennes, circulant dans un pays montagneux,
peuvent se reunir, s'elance sur le celebre plateau de Rivoli, et, de ce
plateau, foudroie la principale armee d'Alvinzy; puis, reprenant son
vol vers le Bas-Adige, enveloppe tout entiere la colonne qui l'avait
franchi. Sa derniere operation est la plus belle, car ici, le bonheur
est uni au genie. Ainsi, en dix mois, outre l'armee piemontaise, trois
armees formidables, trois fois renforcees, avaient ete detruites par une
armee qui, forte de trente et quelques mille hommes a l'entree de la
campagne n'en avait guere recu que vingt pour reparer ses pertes. Ainsi,
cinquante-cinq mille Francais avaient battu plus de deux cent mille
Autrichiens, en avaient pris plus de quatre-vingt mille, tue ou blesse
plus de vingt mille; ils avaient livre douze batailles rangees, plus de
soixante combats, passe plusieurs fleuves, en bravant les flots et
les feux ennemis. Quand la guerre est une routine purement mecanique,
consistant a pousser et a tuer l'ennemi qu'on a devant soi, elle est peu
digne de l'histoire; mais quand une de ces rencontres se presente, ou
l'on voit une masse d'hommes mue par une seule et vaste pensee, qui se
developpe au milieu des eclats de la foudre avec autant de nettete que
celle d'un Newton ou d'un Descartes dans le silence du cabinet, alors le
spectacle est digne du philosophe, autant que de l'homme d'etat et du
militaire: et, si cette identification de la mult
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