itude avec un seul
individu, qui produit la force a son plus haut degre, sert a proteger,
a defendre une noble cause, celle de la liberte, alors la scene devient
aussi morale qu'elle est grande.
Bonaparte courait maintenant a de nouveaux projets; il se dirigeait vers
Rome, pour terminer les tracasseries de cette cour de pretres, et pour
revenir, non plus sur l'Adige, mais sur Vienne. Il avait, par ses
succes, ramene la guerre sur son veritable theatre, celui de l'Italie,
d'ou l'on pouvait fondre sur les etats hereditaires de l'empereur. Le
gouvernement, eclaire par ses exploits, lui envoyait des renforts, avec
lesquels il pouvait aller a Vienne dicter une paix glorieuse, au nom de
la republique francaise. La fin de la campagne avait releve toutes les
esperances que son commencement avait fait naitre.
Les triomphes de Rivoli mirent le comble a la joie des patriotes. On
parlait de tous cotes de ces vingt-deux mille prisonniers, et on citait
le temoignage des autorites de Milan, qui les avaient passes en revue,
et qui en avaient certifie le nombre, pour repondre a tous les doutes
de la malveillance. La reddition de Mantoue vint mettre le comble a
la satisfaction. Des cet instant, on crut la conquete de l'Italie
definitive. Le courrier qui portait ces nouvelles arriva le soir a
Paris. On assembla sur-le-champ la garnison, et on les publia a la lueur
des torches, au son des fanfares, au milieu des cris de joie de tous
les Francais attaches a leur pays. Jours a jamais celebres et a jamais
regrettables pour nous! A quelle epoque notre patrie fut-elle plus belle
et plus grande? Les orages de la revolution paraissaient calmes; les
murmures des partis retentissaient comme les derniers bruits de la
tempete. On regardait ces restes d'agitation comme la vie d'un etat
libre. Le commerce et les finances sortaient d'une crise epouvantable;
le sol entier, restitue a des mains industrielles, allait etre feconde.
Un gouvernement compose de bourgeois, nos egaux, regissait la republique
avec moderation; les meilleurs etaient appeles a leur succeder. Toutes
les voies etaient libres. La France, au comble de la puissance, etait
maitresse de tout le sol qui s'etend du Rhin aux Pyrenees, de la mer aux
Alpes. La Hollande, l'Espagne, allaient unir leurs vaisseaux aux
siens, et attaquer de concert le despotisme maritime. Elle etait
resplendissante d'une gloire immortelle. D'admirables armees faisaient
flotter ses trois couleurs a la face des roi
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