onneur."
A ce langage, a ce ton, Klenau reconnut l'illustre capitaine, et courut
porter a Wurmser les conditions qu'il lui avait faites. Le vieux
marechal fut plein de reconnaissance, en voyant la generosite dont usait
envers lui son jeune adversaire. Il lui accordait la permission de
sortir librement de la place avec tout son etat-major; il lui accordait
meme deux cents cavaliers, cinq cents hommes a son choix, et six pieces
de canon, pour que sa sortie fut moins humiliante. La garnison dut
etre conduite a Trieste, pour y etre echangee contre des prisonniers
francais. Wurmser se hata d'accepter ces conditions; et pour temoigner
sa gratitude au general francais, il l'instruisit d'un projet
d'empoisonnement trame contre lui dans les Etats du pape. Il dut sortir
de Mantoue le 14 pluviose (2 fevrier). Sa consolation, en quittant
Mantoue, etait de remettre son epee au vainqueur lui-meme; mais il ne
trouva que le brave Serrurier, devant lequel il fut oblige de defiler
avec tout son etat-major; Bonaparte etait deja parti pour la Romagne,
pour aller chatier le pape et punir le Vatican. Sa vanite, aussi
profonde que son genie, avait calcule autrement que les vanites
vulgaires; il aimait mieux etre absent que present sur le lieu du
triomphe.
Mantoue rendue, l'Italie etait definitivement conquise, et cette
campagne terminee.
Quand on en considere l'ensemble, l'imagination est saisie par la
multitude des batailles, la fecondite des conceptions et l'immensite
des resultats. Entre en Italie avec trente et quelques mille hommes,
Bonaparte separe d'abord les Piemontais des Autrichiens a Montenotte et
Millesimo, acheve de detruire les premiers a Mondovi, puis court apres
les seconds, passe devant eux le Po a Plaisance, l'Adda a Lodi, s'empare
de la Lombardie, s'y arrete un instant, se remet bientot en marche,
trouve les Autrichiens renforces sur le Mincio, et acheve de les
detruire a la bataille de Borghetto. La, il saisit d'un coup d'oeil le
plan de ses operations futures: c'est sur l'Adige qu'il doit s'etablir,
pour faire front aux Autrichiens; quant aux princes qui sont sur ses
derrieres, il se contentera de les contenir par des negociations et des
menaces. On lui envoie une seconde armee sous Wurmser; il ne peut la
battre qu'en se concentrant rapidement, et en frappant alternativement
chacune de ses masses isolees en homme resolu, il sacrifie le blocus de
Mantoue, ecrase Wurmser a Lonato, Castiglione, et le rejette dans le
T
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