ille; on en avait
recueilli mille devant Verone, et encore quelques centaines ailleurs,
ce qui portait le nombre, en trois jours, a vingt-deux ou vingt-trois
mille. La division Massena avait marche et combattu sans relache, depuis
quatre journees, marchant la nuit, combattant le jour. Aussi Bonaparte
ecrivait-il avec orgueil que ses soldats avaient surpasse la rapidite
tant vantee des legions de Cesar. On comprend pourquoi il attacha plus
tard au nom de Massena celui de Rivoli. L'action du 25 (14 janvier)
s'appela bataille de Rivoli, celle du 27 (16), devant Mantoue, s'appela
de la Favorite.
Ainsi, en trois jours encore, Bonaparte avait pris ou tue une moitie
de l'armee ennemie, et l'avait comme frappee d'un coup de foudre.
L'Autriche avait fait son dernier effort, et maintenant l'Italie etait
a nous. Wurmser, rejete dans Mantoue, etait sans espoir; il avait
mange tous ses chevaux, et les maladies se joignaient a la famine pour
detruire sa garnison. Une plus longue resistance eut ete inutile et
contraire a l'humanite. Le vieux marechal avait fait preuve d'un noble
courage et d'une rare opiniatrete, il pouvait songer a se rendre. Il
envoya un de ses officiers a Serrurier pour parlementer; c'etait Klenau.
Serrurier en refera au general en chef, qui se rendit a la conference.
Bonaparte, enveloppe dans son manteau, et ne se faisant pas connaitre,
ecouta les pourparlers entre Klenau et Serrurier. L'officier autrichien
dissertait longuement sur les ressources qui restaient a son general,
et assurait qu'il avait encore pour trois mois de vivres. Bonaparte,
toujours enveloppe, s'approche de la table aupres de laquelle avait
lieu cette conference, saisit le papier sur lequel etaient ecrites les
propositions de Wurmser, et se met a tracer quelques lignes sur les
marges, sans mot dire, et au grand etonnement de Klenau, qui ne
comprenait pas l'action de l'inconnu. Puis, se levant et se decouvrant,
Bonaparte s'approche de Klenau: "Tenez, lui dit-il, voila les
conditions que j'accorde a votre marechal. S'il avait seulement pour
quinze jours de vivres, et qu'il parlat de se rendre, il ne meriterait
aucune capitulation honorable. Puisqu'il vous envoie, c'est qu'il est
reduit a l'extremite. Je respecte son age, sa bravoure et ses malheurs.
Portez-lui les conditions que je lui accorde; qu'il sorte de la
place demain, dans un mois ou dans six, il n'aura des conditions ni
meilleures, ni pires. Il peut rester tant qu'il conviendra a son
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