gauche, jette les
Autrichiens contre l'amphitheatre du Monte-Baldo, et les poursuit a
outrance dans les montagnes. Bonaparte se reporte ensuite sur ses
derrieres, et vient realiser sa prediction sur le corps de Lusignan.
Ce corps, en voyant les desastres de l'armee autrichienne, s'apercoit
bientot de son sort. Bonaparte, apres l'avoir mitraille, ordonne a la
dix-huitieme et a la soixante-quinzieme demi-brigade de le charger. Ces
braves demi-brigades s'ebranlent en entonnant le _Chant du depart_, et
poussent Lusignan sur la route de Verone, par laquelle arrivait Rey avec
la division de reserve. Le corps autrichien resiste d'abord, puis se
retire, et vient donner contre la tete de la division Rey. Epouvante a
cette vue, il invoque la clemence du vainqueur, et met bas les armes, au
nombre de quatre mille soldats. On en avait pris deja deux mille dans le
defile de l'Adige.
Il etait cinq heures, et on peut dire que l'armee autrichienne etait
aneantie. Lusignan etait pris; l'infanterie, qui etait venue par les
montagnes, fuyait a travers des rochers affreux; la colonne principale
etait engouffree sur le bord du fleuve; le corps accessoire de
Wukassovich assistait inutilement a ce desastre, separe par l'Adige du
champ de bataille. Cette admirable victoire n'etourdit point la pensee
de Bonaparte; il songe au Bas-Adige qu'il a laisse menace; il juge que
Joubert, avec sa brave division, et Rey avec la division de reserve,
suffiront pour porter les derniers coups a l'ennemi, et pour lui enlever
des milliers de prisonniers. Il rallie la division Massena, qui s'etait
battue le jour precedent a Verone, qui avait ensuite marche toute la
nuit, s'etait battue tout le jour du 25 (14), et il part avec elle pour
marcher encore toute la nuit qui va suivre, et voler a de nouveaux
combats. Ces braves soldats, le visage joyeux, et comptant sur de
nouvelles victoires, semblent ne pas sentir les fatigues. Ils volent
plutot qu'ils ne marchent pour aller couvrir Mantoue, dont quatorze
lieues les separent.
Bonaparte apprend en route ce qui s'est passe sur le Bas-Adige. Provera,
se derobant a Augereau, a jete un pont a Anghuiari, un peu au-dessus
de Legnago: il a laisse Hoenzolern au-dela de l'Adige, et a marche sur
Mantoue avec neuf ou dix mille hommes. Augereau, averti trop tard, s'est
jete cependant a sa suite, l'a pris en queue, et lui a fait deux mille
prisonniers. Mais avec sept a huit mille soldats, Provera marche sur
Mantoue pour se join
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