prets a deployer la plus grande
bravoure.
Les ministres autrichiens s'etaient entendus avec le pape, et l'avaient
engage a resister aux menaces de Bonaparte. Ils lui avaient envoye Colli
et quelques officiers pour commander son armee, en lui recommandant de
la porter le plus pres possible de Bologne et de Mantoue. Ils avaient
annonce a Wurmser un prochain secours, avec ordre de ne pas se rendre,
et s'il etait reduit a l'extremite, de sortir de Mantoue avec tout ce
qu'il aurait de troupes, et surtout d'officiers, de se jeter a travers
le Bolonais et le Ferrarais dans les etats romains, pour se reunir a
l'armee papale, qu'il organiserait et porterait sur les derrieres de
Bonaparte. Ce plan, fort bien concu, pouvait reussir avec un general
aussi brave que Wurmser. Ce vieux marechal tenait toujours dans Mantoue
avec une grande fermete, quoique sa garnison n'eut plus a manger que de
la viande de cheval salee et de la _poulenta_.
Bonaparte s'attendait a cette derniere lutte, qui allait decider pour
jamais du sort de l'Italie, et il s'y preparait. Comme le repandaient a
Paris les malveillans qui souhaitaient l'humiliation de nos armes, il
etait malade d'une gale mal traitee, et prise devant Toulon en chargeant
un canon de ses propres mains. Cette maladie, mal connue, jointe aux
fatigues inouies de cette campagne, l'avait singulierement affaibli. Il
pouvait a peine se tenir a cheval; ses joues etaient caves et livides;
sa personne paraissait chetive; ses yeux seuls, toujours aussi vifs et
aussi percants, annoncaient que le feu de son ame n'etait pas eteint.
Ses proportions physiques formaient meme avec son genie et sa renommee
un contraste singulier et piquant pour des soldats a la fois gais
et enthousiastes. Malgre le delabrement de ses forces, ses passions
extraordinaires le soutenaient, et lui communiquaient une activite qui
se portait sur tous les objets a la fois. Il avait commence ce qu'il
appelait _la guerre aux voleurs_. Les intrigans de toute espece etaient
accourus en Italie, pour s'introduire dans l'administration des armees,
et y profiter de la richesse de cette belle contree. Tandis que la
simplicite et l'indigence regnaient dans les armees du Rhin, le luxe
s'etait introduit dans celle d'Italie; il y etait aussi grand que la
gloire. Les soldats, bien vetus, bien nourris, bien accueillis par les
belles Italiennes, y vivaient dans les plaisirs et l'abondance. Les
officiers, les generaux participaient a l'opulence
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