ises appartenant aux
negocians ennemis de la France. Ces contestations produisaient beaucoup
d'animosite; d'ailleurs les marchandises, qu'on arrachait avec peine,
etaient ensuite mal vendues, et par une compagnie qui venait de voler
cinq a six millions a l'armee. Bonaparte aima mieux transiger avec le
grand-duc. Il fut convenu que, moyennant deux millions, il evacuerait
Livourne. Il y trouva de plus l'avantage de rendre disponible la
garnison de cette ville. Son projet etait de prendre les deux legions
formees par la Cispadane, de les reunir a la garnison de Livourne, d'y
ajouter trois mille hommes de ses troupes, et d'acheminer cette petite
armee vers la Romagne, et la Marche d'Ancone. Il voulait s'emparer
encore de deux provinces de l'etat romain, y mettre la main sur les
proprietes du pape, y arreter les impots, se payer par ce moyen de la
contribution qui n'avait pas ete acquittee, prendre des otages choisis
dans le parti ennemi de la France, et etablir ainsi une barriere entre
les etats de l'Eglise et Mantoue. Par la, il rendait impossible le
projet de jonction entre Wurmser et l'armee papale; il pouvait imposer
au pape, et l'obliger enfin a se soumettre aux conditions de la
republique. Dans son humeur contre le Saint-Siege, il ne songeait meme
plus a lui pardonner, et voulait faire une division toute nouvelle de
l'Italie. On aurait rendu la Lombardie a l'Autriche; on aurait compose
une republique puissante, en ajoutant au Modenois, au Boulonnais et au
Ferrarais, la Romagne, la Marche d'Ancone, le duche de Parme, et on
aurait donne Rome au duc de Parme, ce qui aurait fait grand plaisir
a l'Espagne, et aurait compromis la plus catholique de toutes les
puissances. Deja il avait commence a executer son projet; il s'etait
porte a Bologne avec trois mille hommes de troupes, et de la il menacait
le Saint-Siege, qui avait deja forme un noyau d'armee. Mais le pape,
certain maintenant d'une nouvelle expedition autrichienne, esperant
communiquer par le Bas-Po avec Wurmser, bravait les menaces du general
francais, et temoignait meme le desir de le voir s'avancer encore
davantage dans ses provinces. Le saint-pere, disait-on au Vatican,
quittera Rome, s'il le faut, pour se refugier a l'extremite de ses
etats. Plus Bonaparte s'avancera, et s'eloignera de l'Adige, plus il se
mettra en danger, et plus les chances deviendront favorables a la cause
sainte. Bonaparte, qui etait tout aussi prevoyant que le Vatican,
n'avait garde de mar
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