bles. Il ne
pouvait pas juger encore le point sur lequel l'ennemi dirigeait sa
principale masse. Il tint toujours la division Massena prete a marcher,
et ordonna a la division Rey, qui etait a Dezenzano, et qui n'avait vu
deboucher aucun ennemi par derriere le lac de Garda, de se porter a
Castel-Novo, point le plus central entre le Haut et le Bas-Adige. Le
lendemain 24 (13 janvier), les courriers se succederent avec rapidite.
Bonaparte apprit que Joubert, attaque par des forces immenses, allait
etre enveloppe, et qu'il devait a l'opiniatrete et au bonheur de sa
resistance, de conserver encore le plateau de Rivoli. Augereau lui
mandait du Bas-Adige, qu'on se fusillait le long des deux rives, sans
qu'il se passat aucun evenement important. Bonaparte n'avait guere
devant lui a Verone que deux mille Autrichiens. Des cet instant, il
devina le projet de l'ennemi, et vit bien que l'attaque principale se
dirigeait sur Rivoli. Il pensait qu'Augereau suffisait pour defendre
le Bas-Adige; il le renforca d'un corps de cavalerie, detache de la
division Massena. Il ordonna a Serrurier, qui bloquait Mantoue,
de porter sa reserve a Villa-Franca, pour qu'elle fut placee
intermediairement a tous les points. Il laissa a Verone un regiment
d'infanterie et un de cavalerie; et il partit, dans la nuit du 24 au
25 (13 a 14 janvier), avec les dix-huitieme, trente-deuxieme,
soixante-quinzieme demi-brigades de la division Massena, et deux
escadrons de cavalerie. Il manda a Rey de ne pas s'arreter a
Castel-Novo, et de monter tout de suite sur Rivoli. Il devanca ses
divisions, et arriva de sa personne a Rivoli a deux heures du matin. Le
temps, qui etait pluvieux les jours precedens, s'etait eclairci. Le
ciel etait pur, le clair de lune eclatant, le froid vif. En arrivant,
Bonaparte vit l'horizon embrase des feux de l'ennemi. Il lui supposa
quarante-cinq mille hommes; Joubert en avait dix mille au plus: il etait
temps qu'un secours arrivat. L'ennemi s'etait partage en plusieurs
corps. Le principal, compose d'une grosse colonne de grenadiers, de
toute la cavalerie, de toute l'artillerie, des bagages, suivait sous
Quasdanovich la grande route, entre le fleuve et le Monte-Baldo, et
devait deboucher par l'escalier d'Incanale. Trois autres corps, sous
les ordres d'Ocskay, de Koblos et de Liptai, composes d'infanterie
seulement, avaient gravi les croupes des montagnes, et devaient arriver
sur le champ de bataille en descendant les degres de l'amphitheatre
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