de foi, et de n'insister que sur les
conditions purement materielles. Il choisit le cardinal Mattei, qu'il
avait enferme dans un couvent, pour l'envoyer a Rome; il le delivra, et
le chargea d'aller parler au pape. "La cour de Rome, lui ecrivit-il,
veut la guerre, elle l'aura; mais avant, je dois a ma nation et a
l'humanite de faire un dernier effort pour ramener le pape a la raison.
Vous connaissez, monsieur le cardinal, les forces de l'armee que je
commande: pour detruire la puissance temporelle du pape, il ne me
faudrait que le vouloir. Allez a Rome, voyez le Saint-Pere, eclairez-le
sur ses vrais interets; arrachez-le aux intrigans qui l'environnent, qui
veulent sa perte et celle de la cour de Rome. Le gouvernement francais
permet que j'ecoute encore des paroles de paix. Tout peut s'arranger. La
guerre, si cruelle pour les peuples, a des resultats terribles pour les
vaincus. Evitez de grands malheurs au pape. Vous savez combien je desire
finir par la paix une lutte que la guerre terminerait pour moi sans
gloire comme sans peril."
Pendait qu'il employait ces moyens pour _tromper_, disait-il, _le vieux
renard_, et se garantir des fureurs du fanatisme, il songeait a exciter
l'esprit de liberte dans la Haute-Italie, afin d'opposer le patriotisme
a la superstition. Toute la Haute-Italie etait fort exaltee: le
Milanais, arrache a l'Autriche, les provinces de Modene et de Reggio,
impatientes du joug que faisait peser sur elles leur vieux duc absent,
les legations de Bologne et Ferrare, soustraites au pape, demandaient
a grands cris leur independance, et leur organisation en republiques.
Bonaparte ne pouvait pas declarer l'independance de la Lombardie, car la
victoire n'avait pas encore assez positivement decide de son sort; mais
il lui donnait toujours des esperances et des encouragemens. Quant aux
provinces de Modene et de Reggio, elles touchaient immediatement les
derrieres de son armee, et confinaient avec Mantoue. Il avait a se
plaindre de la regence, qui avait fait passer des vivres a la garnison;
il avait recommande au directoire de ne pas donner la paix au duc de
Modene, et de s'en tenir a l'armistice, afin de pouvoir le punir au
besoin. Les circonstances devenant chaque jour plus difficiles; il se
decida, sans en prevenir le directoire, a un coup de vigueur. Il etait
constant que la regence venait recemment encore de se mettre en faute,
et de manquer a l'armistice en fournissant des vivres a Wurmser, et
en donnant a
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