re n'etaient pas echus. On vivait d'expediens, on donnait
aux fournisseurs des ordonnances de ministres, des bordereaux de
liquidation, especes de valeurs d'attente, qui n'etaient recues que pour
une valeur inferieure, et qui faisaient monter considerablement le prix
des marches. C'etait donc toujours la meme situation que nous avons deja
exposee si souvent.
De grandes ameliorations furent apportees aux finances pour l'an V.
On divisa le budget en deux parties, comme on a deja vu: la depense
ordinaire de 450 millions, et la depense extraordinaire de 550. La
contribution fonciere, portee a 250 millions, la contribution somptuaire
et personnelle a 50, les douanes, le timbre, l'enregistrement a
150, durent fournir les 450 millions de la depense ordinaire.
L'extraordinaire dut etre couvert par l'arriere de l'impot et par
le produit des biens nationaux. L'impot etait desormais entierement
exigible en numeraire. Il restait encore quelques mandats et quelques
assignats, qui furent annules sur-le-champ, et recus au cours pour le
paiement de l'arriere. De cette maniere on fit cesser totalement les
desordres du papier-monnaie. L'emprunt force fut definitivement ferme.
Il avait produit a peine 400 millions valeur effective. Les impositions
arrierees durent etre entierement acquittees avant le 15 frimaire de
l'annee actuelle (5 decembre). Les garnisaires furent institues pour
hater la perception. On ordonna la confection des roles, pour percevoir
sur-le-champ le quart des impots de l'an V. Restait a savoir comment on
userait de la valeur des biens nationaux, n'ayant plus le papier-monnaie
pour la mettre d'avance en circulation. On avait encore a toucher
le dernier sixieme sur les biens soumissionnes. On decida que,
pour devancer ce dernier paiement, on exigerait des acquereurs des
obligations payables en numeraire, echeant a l'epoque meme a laquelle
la loi les obligeait de s'acquitter, et entrainant, en cas de protet,
l'expropriation du bien vendu. Cette mesure pouvait faire rentrer
quatre-vingts et quelques millions d'obligations, dont les fournisseurs
annoncaient qu'ils se paieraient volontiers. On n'avait plus de
confiance dans l'etat, mais on en avait dans les particuliers; et les 80
millions de ce papier personnel avaient une valeur que n'aurait pas eue
un papier emis et garanti par la republique. On decida que les biens
vendus a l'avenir se paieraient comme il suit: un dixieme comptant en
numeraire; cinq dixiemes comptant, e
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