ent la republique
directoriale, conservaient la majorite dans les conseils, malgre les
cris de quelques patriotes follement emportes, et de quelques intrigans
vendus a la contre-revolution.
L'etat des finances avait l'effet ordinaire de la misere dans les
familles, il troublait l'union domestique du directoire avec le corps
legislatif. Le directoire se plaignait de ne pas voir ses mesures
toujours accueillies par les conseils; il leur adressa un message
alarmant, et il le publia, comme pour faire retomber sur eux les
malheurs publics, s'ils ne s'empressaient d'adopter ses propositions. Ce
message du 25 frimaire (15 decembre) etait concu en ces termes: "Toutes
les parties du service sont en souffrance. La solde des troupes est
arrieree; les defenseurs de la patrie sont livres aux horreurs de la
nudite, leur courage est enerve par le sentiment douloureux de leurs
besoins; le degout, qui en est la suite, entraine la desertion.
Les hopitaux manquent de fournitures, de feu, de medicamens. Les
etablissemens de bienfaisance, en proie au meme denuement, repoussent
l'indigent et l'infirme dont ils etaient la seule ressource. Les
creanciers de l'etat, les entrepreneurs qui, chaque jour, contribuent a
fournir aux besoins des armees, n'arrachent que de faibles parcelles
des sommes qui leur sont dues; leur detresse ecarte des hommes qui
pourraient faire les memes services avec plus d'exactitude, ou a de
moindres benefices. Les routes sont bouleversees, les communications
interrompues. Les fonctionnaires publics sont sans salaires; d'un bout
a l'autre de la republique, on voit les juges, les administrateurs,
reduits a l'horrible alternative, ou de trainer dans la misere leur
existence et celle de leur famille, ou de se deshonorer en se vendant
a l'intrigue. Partout la malveillance s'agite; dans bien des lieux
l'assassinat s'organise, et la police sans activite, sans force, parce
qu'elle est denuee de moyens pecuniaires, ne peut arreter ce desordre."
Les conseils furent irrites de la publication de ce message, qui
semblait faire retomber sur eux les malheurs de l'etat, et censurerent
vivement l'indiscretion du directoire. Cependant ils se mirent a
examiner sur-le-champ ses propositions. Le numeraire abondait partout,
excepte dans les coffres de l'etat. L'impot, actuellement percevable en
numeraire ou en papier au cours, ne rentrait que lentement. Les biens
nationaux soumissionnes etaient payes en partie; les paiemens restant
a fai
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