n ordonnances des ministres, ou en
bordereaux de liquidation delivres aux fournisseurs; quatre dixiemes
enfin, en quatre obligations, payables une par an.
Ainsi, n'ayant plus de credit public, on se servait du credit prive;
ne pouvant plus emettre du papier-monnaie hypotheque sur les biens, on
exigeait des acquereurs de ces biens une espece de papier qui, portant
leur signature, avait une valeur individuelle; enfin on permettait aux
fournisseurs de se payer de leurs services sur les biens eux-memes.
Ces dispositions faisaient donc esperer un peu d'ordre et quelques
rentrees. Pour suffire aux besoins pressans du ministere de la guerre,
on lui adjugea sur-le-champ, pour les mois de nivose, pluviose, ventose
et germinal, mois consacres, aux preparatifs de la nouvelle campagne,
la somme de 120 millions, dont 33 millions devaient etre pris sur
l'ordinaire, et 87 sur l'extraordinaire. L'enregistrement, les postes,
les douanes, les patentes, la contribution fonciere allaient fournir ces
33 millions: les 87 de l'extraordinaire devaient se composer du produit
des bois, de l'arriere des contributions militaires, et des obligations
des acquereurs de biens nationaux. Ces valeurs etaient assurees, et
allaient rentrer sur-le-champ. On paya tous les fonctionnaires publics
en numeraire. On decida de payer les rentiers de la meme maniere; mais
ne pouvant encore leur donner de l'argent, on leur donna des billets
au porteur, recevables en paiement des biens nationaux, comme les
ordonnances des ministres et les bordereaux de liquidation delivres aux
fournisseurs.
Tels furent les travaux administratifs du directoire pendant l'hiver de
l'an V (1796 a 1797), et les moyens qu'il se prepara pour suffire a la
campagne suivante. La campagne actuelle n'etait pas terminee, et tout
annoncait que malgre dix mois de combats acharnes, malgre les glaces et
les neiges, on allait voir encore de nouvelles batailles. L'archiduc
Charles s'opiniatrait a enlever les tetes de pont de Kehl et d'Huningue,
comme si, en les enlevant, il eut a jamais interdit aux Francais le
retour sur la rive droite. Le directoire avait une excellente raison de
l'y occuper, c'etait de l'empecher de se porter en Italie. Il passa pres
de trois mois devant le fort de Kehl. De part et d'autre, les troupes
s'illustrerent par un courage heroique, et les generaux divisionnaires
deployerent un grand talent d'execution. Desaix surtout s'immortalisa
par sa bravoure, son sang-froid, et s
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