n s'emparant des elections. Le directoire, en
voyant leur dechainement, etait saisi de ces mouvemens d'impatience
dont le pouvoir meme le plus eclaire ne peut pas toujours se defendre.
Quoique fort habitue a la liberte, il s'effrayait du langage qu'elle
prenait dans certains journaux; il ne comprenait pas encore assez qu'il
faut laisser tout dire, que le mensonge n'est jamais a redouter,
quelque publicite qu'il acquiere, qu'il s'use par sa violence, et
qu'un gouvernement perit par la verite seule, et surtout par la verite
comprimee. Il demanda aux deux conseils des lois sur les abus de la
presse. On se recria; on pretendit que, les elections approchant, il
voulait en gener la liberte; on lui refusa les lois qu'il demandait. On
accorda seulement deux dispositions: l'une, relative a la repression
de la calomnie privee; l'autre, aux crieurs de journaux, qui, dans les
rues, au lieu de les annoncer par leur titre, les annoncaient par des
phrases detachees, et souvent fort inconvenantes. Ainsi on vendait un
pamphlet, en criant dans les rues: _Rendez-nous nos myriagrammes, et
f....-nous le camp, si vous ne pouvez faire le bonheur du peuple._ Il
fut decide, pour eviter ce scandale, qu'on ne pourrait plus crier les
journaux et les ecrits que par un simple titre. Le directoire aurait
voulu l'etablissement d'un journal officiel du gouvernement. Les
cinq-cents y consentirent; les anciens s'y opposerent. La loi du 3
brumaire, mise une seconde fois en discussion en vendemiaire, et
devenue le pretexte de la ridicule attaque des patriotes sur le camp
de Grenelle, avait ete maintenue apres une discussion solennelle.
Elle etait en quelque sorte le poste autour duquel ne cessaient de se
rencontrer les deux partis. C'etait surtout la disposition qui excluait
les parens des emigres des fonctions publiques, que le cote droit
voulait detruire, et que les republicains voulaient conserver. Apres une
troisieme attaque, il fut decide que cette disposition serait maintenue.
On ne fit qu'un seul changement a cette loi. Elle excluait de l'amnistie
generale, accordee aux delits revolutionnaires, les delits qui se
rattachaient au 13 vendemiaire; cet evenement etait deja trop loin pour
ne pas amnistier les individus qui avaient pu y prendre part, et qui,
d'ailleurs, etaient tous impunis de fait: l'amnistie fut donc appliquee
aux delits de vendemiaire, comme a tous les autres faits purement
revolutionnaires.
Ainsi le directoire, et tous ceux qui voulai
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