tait le principe des
compensations, mais qu'il eut a designer sur-le-champ les objets sur
lesquels porterait ce principe.
Le directoire pouvait faire cette reponse sans se trop engager,
puisqu'en refusant de ceder la Belgique et le Luxembourg, il avait a
sa disposition la Lombardie et plusieurs autres petits territoires. Du
reste, cette negociation etait evidemment illusoire; le directoire ne
pouvait rien en attendre, et il resolut de dejouer les finesses de
l'Angleterre, en envoyant directement un negociateur a Vienne, charge
de conclure un arrangement particulier avec l'empereur. La premiere
proposition que le negociateur devait faire etait celle d'un armistice
en Allemagne et en Italie, qui durerait six mois au moins. Le Rhin et
l'Adige separeraient les armees des deux puissances. Les sieges de Kelh
et de Mantoue seraient suspendus. On ferait entrer chaque jour
dans Mantoue les vivres necessaires pour remplacer la consommation
journaliere, de maniere a replacer les deux partis dans leur etat actuel
a la fin de l'armistice. La France gagnait ainsi la conservation de
Kehl, et l'Autriche celle de Mantoue. Une negociation devait s'ouvrir
immediatement pour traiter de la paix. Les conditions offertes par
la France etaient les suivantes: l'Autriche cedait la Belgique et le
Luxembourg a la France; la France restituait la Lombardie a l'Autriche,
et le Palatinat a l'Empire; elle renoncait ainsi, sur ce dernier point,
a la ligne du Rhin; elle consentait en outre, pour dedommager l'Autriche
de la perte des Pays-Bas, a la secularisation de plusieurs eveches de
l'Empire. L'empereur ne devait nullement se meler des affaires de la
France avec le pape, et devait preter son entremise en Allemagne
pour procurer des indemnites au stathouder. C'etait une condition
indispensable pour assurer le repos de la Hollande, et pour satisfaire
le roi de Prusse, dont la soeur etait epouse du stathouder. Ces
conditions etaient fort moderees, et prouvaient le desir qu'avait le
directoire de faire cesser les horreurs de la guerre, et ses inquietudes
pour l'armee d'Italie.
Le directoire choisit pour porter ces propositions le general Clarke,
qui etait employe dans les bureaux de la guerre aupres de Carnot. Ses
instructions furent signees le 26 brumaire (16 novembre). Mais il
fallait du temps pour qu'il se mit en route, qu'il arrivat, qu'il fut
recu et ecoute; et, pendant ce temps, les evenemens se succedaient en
Italie avec une singuliere rapidite
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