nces, des
efforts extraordinaires pour achever l'armement de l'escadre de Brest.
Elle se trouva en frimaire (decembre) en etat de mettre a la voile. Elle
se composait de quinze vaisseaux de haut bord, de vingt fregates, de
six gabares, et cinquante batimens de transport. Elle pouvait porter
vingt-deux mille hommes. Hoche ne pouvant s'entendre avec l'amiral
Villaret-Joyeuse, on remplaca ce dernier par Morard-de-Galles.
L'expedition dut debarquer dans la baie de Bantry. On assigna a chaque
capitaine de vaisseau, dans un ordre cachete, la direction qu'il devait
suivre, et le mouillage qu'il devait choisir en cas d'accident.
L'expedition mit a la voile le 26 frimaire (16 decembre). Hoche et
Morard-de-Galles etaient montes sur une fregate. L'escadre francaise,
grace a une brume epaisse, echappa aux croisieres anglaises, et traversa
la mer sans etre apercue. Mais, dans la nuit du 26 au 27, une
tempete affreuse la dispersa. Un vaisseau fut englouti. Cependant le
contre-amiral Bouvet manoeuvra pour rallier l'escadre, et apres deux
jours, parvint a la reunir tout entiere, a l'exception d'un vaisseau
et de trois fregates. Malheureusement la fregate qui portait Hoche et
Morard-de-Galles etait du nombre de ces dernieres. L'escadre cingla vers
le cap Clear, et manoeuvra la plusieurs jours pour attendre les deux
chefs. Enfin, le 4 nivose (24 decembre), elle entra dans la baie de
Bantry. Un conseil de guerre decida le debarquement; mais il devint
impossible par l'effet du mauvais temps; l'escadre fut de nouveau
eloignee des cotes d'Irlande. Le contre-amiral Bouvet, effraye par tant
d'obstacles, craignant de manquer de vivres, et separe de ses chefs,
crut devoir regagner les cotes de France. Hoche et Morard-de-Galles
arriverent enfin dans la baie de Bantry, et apprirent la le retour de
l'escadre francaise. Ils revinrent a travers des perils inouis. Battus
par la mer, poursuivis par les Anglais, ils ne furent rendus aux rivages
de France que par une espece de miracle. Le vaisseau _les Droits de
l'homme_, capitaine La Crosse, se trouva separe de l'escadre, et fit
des prodiges: attaque par deux vaisseaux anglais, il en detruisit un,
echappa a l'autre; mais, tout mutile, prive de mats et de voiles,
il succomba a la violence de la mer. Une partie de l'equipage fut
engloutie, l'autre fut sauvee a grand'peine.
Ainsi finit cette expedition, qui jeta une grande alarme en Angleterre,
et qui revela son point vulnerable. Le directoire ne renonc
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