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pour s'y reposer, elle etait loin d'avoir souffert comme les armees
de Wurmser et de Beaulieu. Les Francais, epuises, n'avaient pu que la
repousser sans la detruire. Il fallait donc renoncer a la poursuivre,
tant que les renforts promis ne seraient pas arrives. Bonaparte se
contenta d'occuper l'Adige de Dolce a la mer.
Cette nouvelle victoire causa en Italie et en France une joie extreme.
On admirait de toutes parts ce genie opiniatre qui, avec quatorze ou
quinze mille hommes, devant quarante mille, n'avait pas songe a se
retirer; ce genie inventif et profond, qui avait su decouvrir dans
les digues de Ronco un champ de bataille tout nouveau qui annulait le
nombre, et donnait dans les flancs de l'ennemi. On celebrait surtout
l'heroisme deploye au pont d'Arcole, et partout on representait le jeune
general, un drapeau a la main, au milieu du feu et de la fumee. Les deux
conseils, en declarant, suivant l'usage, que l'armee d'Italie avait
encore bien merite de la patrie, deciderent de plus que les drapeaux
pris par les generaux Bonaparte et Augereau sur le pont d'Arcole, leur
seraient donnes pour etre conserves dans leurs familles: belle et noble
recompense, digne d'un age heroique, et bien plus glorieuse que le
diademe decerne plus tard par la faiblesse au genie tout puissant!
CHAPITRE VI.
CLARKE AU QUARTIER-GENERAL DE L'ARMEE D'ITALIE.--RUPTURE DES
NEGOCIATIONS AVEC LE CABINET ANGLAIS. DEPART DE MALMESBURY.--EXPEDITION
D'IRLANDE.--TRAVAUX ADMINISTRATIFS DU DIRECTOIRE DANS L'HIVER DE L'AN
V. ETAT DES FINANCES. RECETTES ET DEPENSES.--CAPITULATION DE
KEHL.--DERNIERES TENTATIVES DE L'AUTRICHE SUR L'ITALIE. VICTOIRES DE
RIVOLI ET DE LA FAVORITE. PRISE DE MANTOUE.--FIN DE LA MEMORABLE
CAMPAGNE DE 1796.
Le general Clarke venait d'arriver au quartier-general de l'armee
d'Italie, d'ou il devait partir pour se rendre a Vienne. Sa mission
avait perdu son objet essentiel, car la bataille d'Arcole rendait
l'armistice inutile. Bonaparte, que le general Clarke avait ordre de
consulter, desapprouvait tout a fait l'armistice et ses conditions. Les
raisons qu'il donnait etaient excellentes. L'armistice ne pouvait plus
avoir qu'un objet, celui de sauver le fort de Kehl sur le Rhin, que
l'archiduc Charles assiegeait avec une grande vigueur; et pour cet objet
tres accessoire, il sacrifiait Mantoue. Kehl n'offrait qu'une tete de
pont qui n'etait point indispensable pour deboucher en Allemagne. La
prise de Mantoue au
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