es changemens fussent faits a sa
constitution actuelle. Le cabinet anglais ne promettait de rendre
les colonies de la Hollande que dans le cas du retablissement du
stathouderat; encore ne les rendrait-il jamais toutes: il devait en
garder quelques-unes comme indemnite de guerre; le Cap etait du nombre.
Pour tous ces sacrifices, il offrait de rendre deux ou trois iles que
la guerre nous avait fait perdre dans les Antilles, la Martinique,
Sainte-Lucie, Tobago,et a condition encore que Saint-Domingue ne nous
resterait pas en entier. Ainsi la France, apres une guerre inique, ou
elle avait eu toute justice de son cote, ou elle avait depense des
sommes enormes, et dont elle etait sortie victorieuse, la France
n'aurait pas gagne une seule province, tandis que les puissances du Nord
venaient de se partager un royaume, et que l'Angleterre venait de faire
dans l'Inde des acquisitions immenses! La France, qui occupait encore la
ligne du Rhin, et qui etait maitresse de l'Italie, aurait evacue le
Rhin et l'Italie sur la simple sommation de l'Angleterre! De pareilles
conditions etaient absurdes et inadmissibles; la seule proposition en
etait offensante, et elles ne devaient pas etre ecoutees. Le ministre
Delacroix les ecouta cependant avec une politesse qui frappa le ministre
anglais, et qui lui fit meme esperer qu'on pourrait poursuivre la
negociation.
Delacroix donna une raison qui etait mauvaise, c'est que les Pays-Bas
etaient declares territoire national par la constitution; et le ministre
anglais lui repondit par une raison qui ne valait pas mieux, c'est que
le traite d'Utrecht les attribuait a l'Autriche. La constitution pouvait
etre obligatoire pour la nation francaise, mais elle ne concernait ni
n'obligeait les nations etrangeres. Le traite d'Utrecht etait, comme
tous les traites du monde, un arrangement de la force, que la force
pouvait changer. La seule raison que le ministre francais devait donner,
c'est que la reunion des Pays-Bas a la France etait juste, fondee sur
toutes les convenances naturelles et politiques, et legitimee par la
victoire. Apres une longue discussion sur tous les points accessoires de
la negociation, les deux ministres se separerent. Le ministre Delacroix
vint en referer au directoire, qui, s'irritant a bon droit, resolut de
repondre au ministre anglais comme il le meritait. La note du ministre
anglais n'etait pas signee, elle etait seulement contenue dans une
lettre signee. Le directoire exigea, le
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