precis, on lui supposa de l'ambition. Il
avait voulu conduire la guerre a son gre, et avait offert sa demission
quand on lui traca un plan qui n'etait pas le sien; il avait agi
souverainement en Italie, accordant aux princes la paix ou la guerre,
sous pretexte des armistices; il s'etait plaint avec hauteur de ce que
les negociations avec le pape n'avaient pas ete conduites par lui seul,
et il avait exige qu'on lui en remit le soin; il traitait fort durement
les commissaires Gareau et Salicetti, quand ils se permettaient des
mesures qui lui deplaisaient, et il les avait obliges de quitter le
quartier-general; il s'etait permis d'envoyer des fonds aux differentes
armees sans se faire autoriser par le gouvernement, et sans
l'intermediaire indispensable de la tresorerie. Tous ces faits
annoncaient un homme qui aimait a faire seul ce qu'il croyait etre seul
capable de bien faire. Ce n'etait encore que l'impatience du genie,
qui n'aime pas a etre contrarie dans ses oeuvres; mais c'est par cette
impatience que commence a se manifester une volonte despotique. En le
voyant soulever la Haute-Italie contre ses anciens maitres, et creer ou
detruire des etats, on disait qu'il voulait se faire duc de Milan. On
pressentait-son ambition, et il en pressentait lui-meme le reproche. Il
se plaignait d'etre accuse, puis se justifiait lui-meme, sans qu'un seul
mot du directoire lui en eut fourni l'occasion.
Clarke avait donc, outre la mission de negocier, celle de l'observer.
Bonaparte en fut averti, et agissant ici avec la hauteur et l'adresse
qui lui etaient ordinaires, il lui laissa voir qu'il connaissait l'objet
de sa mission, le subjugua bientot par son ascendant et sa grace, aussi
puissante, dit-on, que son genie, et en fit un homme devoue. Clarke
avait de l'esprit, trop de vanite pour etre un espion adroit et souple.
Il resta en Italie, tantot a Turin, tantot au quartier-general, et
bientot il appartint plus a Bonaparte qu'au directoire.
A Paris, le cabinet anglais faisait, autant qu'il le pouvait, trainer
en longueur la negociation; mais le cabinet francais par des reponses
promptes et claires, obligea enfin lord Malmesbury a s'expliquer.
Ce ministre, comme on l'a vu, avait pose d'abord le principe d'une
negociation generale, et de la compensation des conquetes; de son cote,
le directoire avait exige des pouvoirs de tous les allies, et une
explication plus claire du principe des compensations. Le ministre
anglais avait mis dix-neu
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