sur l'autre rive de l'Adige, content d'avoir
epuise l'ennemi toute la journee, en attendant des nouvelles plus
certaines de Vaubois. La seconde nuit se passe encore de meme: les
nouvelles de Vaubois sont rassurantes. On peut consacrer une troisieme
journee a lutter definitivement contre Alvinzy. Enfin le soleil se leve
pour la troisieme fois sur cet epouvantable theatre de carnage. C'etait
le 27 (17 novembre 1796). Bonaparte calcule que l'ennemi, en morts,
blesses, noyes ou prisonniers, doit avoir perdu pres d'un tiers de son
armee. Il le juge harasse, decourage, et il voit ses soldats pleins
d'enthousiasme; il se decide alors a quitter ces digues, et a porter le
champ de bataille dans la plaine, au-dela de l'Alpon. Comme les
jours precedens, les Francais, debouchant de Ronco, rencontrent les
Autrichiens sur les digues. Massena occupe toujours la digue gauche;
sur celle de droite, c'est le general Robert qui est charge d'attaquer,
tandis qu'Augereau va passer l'Alpon pres de son embouchure dans
l'Adige. Massena eprouve d'abord une vive resistance, mais il met son
chapeau a la pointe de son epee, et marche ainsi a la tete des soldats.
Comme les jours precedens, beaucoup d'ennemis sont tues, noyes ou pris.
Sur la digue de droite, le general Robert s'avance d'abord avec succes;
mais il est tue, sa colonne est repoussee presque jusque sur le pont de
Ronco.
Bonaparte, qui voit le danger, place la trente-deuxieme dans un bois de
saules qui longe la digue. Tandis que la colonne ennemie, victorieuse de
Robert, s'avance, la trente-deuxieme sort tout a coup de son embuscade,
la prend en flanc, et la jette dans un desordre epouvantable. C'etaient
trois mille Croates; le plus grand nombre sont tues ou prisonniers. Les
digues ainsi balayees, Bonaparte se decide a franchir l'Alpon: Augereau
l'avait passe a l'extreme droite. Bonaparte ramene Massena de la digue
gauche sur la digue droite, le dirige sur Arcole, qui etait evacue, et
porte ainsi toute son armee en plaine devant celle d'Alvinzy. Bonaparte,
avant d'ordonner la charge, veut semer l'epouvante au moyen d'un
stratageme. Un marais, plein de roseaux, couvrait l'aile gauche de
l'ennemi: il ordonne au chef de bataillon Hercule de prendre avec lui
vingt-cinq de ses guides, de filer a travers les roseaux, et de charger
a l'improviste avec un grand bruit de trompettes. Ces vingt-cinq braves
s'appretent a executer l'ordre, Bonaparte donne alors le signal a
Massena et a Augereau. Ceu
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