nsive. Le roi actuel
venait de mourir; son jeune successeur Charles-Emmanuel montrait d'assez
bonnes dispositions pour la France, mais il ne se contentait pas des
avantages qu'elle lui offrait pour prix de son alliance. Le directoire
lui offrait de garantir ses etats, que rien ne lui garantissait dans
cette conflagration generale, et au milieu de toutes les republiques qui
se preparaient. Mais le nouveau roi, comme le precedent, voulait qu'on
lui donnat la Lombardie, ce que le directoire ne pouvait pas promettre,
ayant a se menager des equivalens pour traiter avec l'Autriche. Le
directoire permit ensuite a Bonaparte de renouer les negociations avec
Rome, et lui donna ses pleins pouvoirs a cet egard.
Rome avait envoye le cardinal Albani a Vienne; elle avait compte
sur Naples, et dans son emportement elle avait offense la legation
espagnole. Naples lui manquant, l'Espagne lui manifestant son
mecontentement, elle etait dans l'alarme, et le moment etait convenable
pour renouer avec elle. Bonaparte voulait d'abord son argent; ensuite,
quoiqu'il ne craignit pas sa puissance temporelle, il redoutait son
influence morale sur les peuples. Les deux partis italiens, enfantes par
la revolution francaise, et developpes par la presence de nos armees,
s'exasperaient chaque jour davantage. Si Milan, Modene, Reggio, Bologne,
Ferrare, etaient le siege du parti patriote, Rome etait celui du parti
monacal et aristocrate. Elle pouvait exciter les fureurs fanatiques, et
nous nuire beaucoup, dans un moment surtout ou la question n'etait pas
resolue avec les armees autrichiennes. Bonaparte pensa qu'il fallait
temporiser encore. Esprit libre et independant, il meprisait tous
les fanatismes qui restreignent l'intelligence humaine; mais, homme
d'execution, il redoutait les puissances qui echappent a la force, et il
aimait mieux eluder que de lutter avec elles. D'ailleurs, quoique eleve
en France, il etait ne au milieu de la superstition italienne; il ne
partageait pas ce degout de la religion catholique, si profond et si
commun chez nous a la suite du dix-huitieme siecle; et il n'avait pas,
pour traiter avec le Saint-Siege, la meme repugnance qu'on avait a
Paris. Il songea donc a gagner du temps, pour s'eviter une marche
retrograde sur la peninsule, pour s'epargner des predications
fanatiques, et, s'il etait possible, pour regagner les 16 millions
ramenes a Rome. Il chargea le ministre Cacault de desavouer les
exigences du directoire en matiere
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