sile a un de ses detachemens: sur-le-champ il declara
l'armistice viole, et en vertu du droit de conquete, il chassa la
regence, declara le duc de Modene dechu, et les provinces de Reggio
et de Modene libres. L'enthousiasme des Reggiens et des Modenois fut
extraordinaire. Bonaparte organisa un gouvernement municipal pour
administrer provisoirement le pays, en attendant qu'il fut constitue.
Bologne et Ferrare s'etaient deja constituees en republique, et
commencaient a lever des troupes. Bonaparte voulait reunir ces
deux legations aux etats du duc de Modene, pour en faire une seule
republique, qui, situee tout entiere en-deca du Po, s'appellerait
_Republique cispadane_. Il pensait que si, a la paix, on etait oblige de
rendre la Lombardie a l'Autriche, on pourrait eviter de rendre, au duc
de Modene et au pape, le Modenois et les legations, qu'on pourrait
eriger ainsi une republique, fille et amie de la republique francaise,
qui serait au-dela des Alpes le foyer des principes francais, l'asile
des patriotes compromis, et d'ou la liberte pourrait s'etendre un jour
sur toute l'Italie. Il ne croyait pas que l'affranchissement de l'Italie
put se faire d'un seul coup; il croyait le gouvernement francais trop
epuise pour l'operer maintenant, et il pensait qu'il fallait au moins
deposer les germes de la liberte dans cette premiere campagne. Pour cela
il fallait reunir Bologne et Ferrare a Modene et Reggio. L'esprit de
localite s'y opposait, mais il esperait vaincre cette opposition par son
influence toute puissante. Il se rendit dans ces villes, y fut recu avec
enthousiasme, et les decida a envoyer a Modene cent deputes de toutes
les parties de leur territoire, pour y former une assemblee nationale,
qui serait chargee de constituer la republique cispadane. Cette reunion
eut lieu le 25 vendemiaire (16 octobre) a Modene. Elle se composait
d'avocats, de proprietaires, de commercans. Contenue par la presence de
Bonaparte, dirigee par ses conseils, elle montra la plus grande sagesse.
Elle vota la reunion en une seule republique des deux legations et du
duche de Modene; elle abolit la feodalite, et decreta l'egalite civile;
elle nomma un commissaire charge d'organiser une legion de quatre mille
hommes, et arreta la formation d'une seconde assemblee, qui devait se
reunir le 5 nivose (25 decembre), pour deliberer une constitution. Les
Reggiens montrerent le plus grand devouement. Un detachement autrichien
etant sorti de Mantoue, ils courure
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