ment devaient demeurer en activite, et
conserver le depot de tous les pouvoirs. Les membres de la convention,
envoyes soit aux armees, soit dans les departemens, devaient continuer
leur mission jusqu'a ce que l'installation du directoire leur fut
notifiee.
Une grande agitation regnait dans les esprits. Les patriotes moderes et
les patriotes exaltes montraient une meme irritation contre le parti qui
avait attaque la convention au 13 vendemiaire; ils etaient remplis de
craintes; ils s'encourageaient a s'unir, a se serrer pour resister au
royalisme; ils disaient hautement qu'il ne fallait appeler au directoire
et a toutes les places que des hommes engages irrevocablement a la cause
de la revolution; ils se defiaient beaucoup des deputes du nouveau
tiers, et recherchaient avec inquietude leurs noms, leur vie passee, et
leurs opinions connues ou presumees.
Les sectionnaires, mitrailles le 13 vendemiaire, mais traites avec la
plus grande clemence apres la victoire, etaient redevenus insolens.
Fiers d'avoir un instant supporte le feu, ils semblaient croire que
la convention, en les epargnant, avait menage leurs forces et reconnu
tacitement la justice de leur cause. Ils se montraient partout,
vantaient leurs hauts faits, debitaient dans les salons les memes
impertinences contre la grande assemblee qui venait d'abandonner le
pouvoir, et affectaient de compter beaucoup sur les deputes du nouveau
tiers.
Ces deputes, qui devaient venir s'asseoir au milieu des veterans de la
revolution, et y representer la nouvelle opinion qui s'etait formee en
France a la suite de longs orages, etaient loin de justifier toutes
les defiances des republicains et toutes les esperances des
contre-revolutionnaires. On comptait parmi eux quelques membres des
anciennes assemblees, tels que Vaublanc, Pastoret, Dumas, Dupont (de
Nemours), et l'honnete et savant Tronchet, qui avait rendu de si grands
services a notre legislation. On y voyait ensuite beaucoup d'hommes
nouveaux, non pas de ces hommes extraordinaires qui brillent au debut
des revolutions, mais quelques-uns de ces merites solides qui, dans la
carriere de la politique, comme dans celle des arts, succedent au
genie; et par exemple des jurisconsultes, des administrateurs, tels que
Portalis, Simeon, Barbe-Marbois, Troncon-Ducoudray. En general, ces
nouveaux elus, a part quelques contre-revolutionnaires signales,
appartenaient a cette classe d'hommes moderes qui, n'ayant pris aucune
part aux e
|