re des assignats libres? Dans l'incertitude ou l'on etait
de pouvoir se servir des biens nationaux par les nouveaux moyens,
fallait-il renoncer a l'ancienne maniere de les depenser, c'est-a-dire
aux assignats forces? Le conseil des anciens, qui apportait une grande
severite dans l'examen des resolutions des cinq-cents, et qui en avait
deja rejete plus d'une, apposa son _veto_ sur le projet financier, et
refusa de l'admettre.
Ce rejet laissa les esprits dans une grande anxiete, et on retomba dans
les plus grandes incertitudes. Les contre-revolutionnaires, joyeux de
ce conflit d'idees, pretendaient que les difficultes de la situation
etaient insolubles, et que la republique allait perir par les finances.
Les hommes les plus eclaires, qui ne sont pas toujours les plus resolus,
le craignaient. Les patriotes, arrives au plus haut degre d'irritation,
en voyant qu'on avait eu l'idee d'abolir les assignats, criaient qu'on
voulait detruire cette derniere creation revolutionnaire qui avait sauve
la France; ils demandaient que, sans tatonner si long-temps, on retablit
le credit des assignats par les moyens de 93, le _maximum_, les
_requisitions_ et la _mort_. C'etait une violence et un emportement qui
rappelaient les annees les plus agitees. Pour comble de malheur, les
evenemens sur le Rhin s'etaient aggraves: Clerfayt, sans profiter en
grand capitaine de la victoire, en avait cependant retire de nouveaux
avantages. Ayant appele a lui le corps de La Tour, il avait marche sur
Pichegru, l'avait attaque sur la Pfrim et sur le canal de Frankendal,
et l'avait successivement repousse jusque sous Landau. Jourdan s'etait
avance sur la Nahe a travers un pays difficile, et mettait le plus noble
devouement a faire la guerre dans des montagnes epouvantables, pour
degager l'armee du Rhin; mais ses efforts ne pouvaient que diminuer
l'ardeur de l'ennemi, sans reparer nos pertes.
Si donc la ligne du Rhin nous restait dans les Pays-Bas, elle etait
perdue a la hauteur des Vosges, et l'ennemi nous avait enleve autour de
Mayence un vaste demi-cercle.
Dans cet etat de detresse, le directoire envoya une depeche des plus
pressantes au conseil des cinq-cents, et proposa une de ces resolutions
extraordinaires qui avaient ete prises dans les occasions decisives de
la revolution. C'etait un emprunt force de six cents millions en valeur
reelle, soit numeraire, soit assignats au cours, reparti sur les classes
les plus riches. C'etait donner ouverture a u
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