rectoire les operations qui devaient mettre fin a la plus
calamiteuse de toutes les guerres.
Ainsi s'acheva la campagne de 1795. La prise de Luxembourg, le passage
du Rhin, les victoires aux Pyrenees, suivies de la paix avec l'Espagne,
la destruction de l'armee emigree a Quiberon, en signalerent le
commencement et le milieu. La fin fut moins heureuse. Le retour des
armees sur le Rhin, la perte des lignes de Mayence et d'une partie de
territoire au pied des Vosges, vinrent obscurcir un moment l'eclat de
nos triomphes. Mais la victoire de Loano, en nous ouvrant les portes de
l'Italie, retablit la superiorite de nos armes; et les travaux de Hoche
dans l'Ouest commencerent la veritable pacification de la Vendee, si
souvent et si vainement annoncee.
La coalition, reduite a l'Angleterre et a l'Autriche, a quelques princes
d'Allemagne et d'Italie, etait au terme de ses efforts, et aurait
demande la paix sans les dernieres victoires sur le Rhin. On fit a
Clerfayt une reputation immense, et on sembla croire que la prochaine
campagne s'ouvrirait au sein de nos provinces du Rhin.
Pitt, qui avait besoin de subsides, convoqua un second parlement en
automne pour exiger de nouveaux sacrifices. Le peuple de Londres
invoquait toujours la paix avec la meme obstination. La societe dite
de correspondance s'etait assemblee en plein air, et avait vote les
adresses les plus hardies et les plus menacantes contre le systeme de
la guerre, et pour la reforme parlementaire. Quand le roi se rendit au
parlement, sa voiture fut assaillie de coups de pierres, les glaces en
furent brisees, on crut meme qu'un coup de fusil a vent avait ete tire.
Pitt, traversant Londres a cheval, fut reconnu par le peuple, poursuivi
jusqu'a son hotel, et couvert de boue. Fox, Sheridan, plus eloquens
qu'ils n'avaient jamais ete, avaient des comptes rigoureux a demander.
La Hollande conquise, les Pays-Bas incorpores a la republique francaise,
leur conquete rendue definitive en quelque sorte par la prise de
Luxembourg, des sommes enormes depensees dans la Vendee, et de
malheureux Francais exposes inutilement a etre fusilles, etaient
de graves sujets d'accusation contre l'habilete et la politique du
ministere. L'expedition de Quiberon surtout excita une indignation
generale. Pitt voulut s'excuser en disant que le sang anglais n'avait
pas coule: "Oui, repartit Sheridan avec une energie qu'il est difficile
de traduire; oui, le sang anglais n'a pas coule, mais l'honneur a
|