de jeunes generaux qui avaient tous leur fortune a faire, des
soldats aventureux et pauvres, ne demandaient pas mieux que de voir les
belles contrees qu'on leur annoncait. Bonaparte fit un arrangement avec
un fournisseur, et procura a ses soldats une partie du pret qui etait
arriere. Il distribua a chacun de ses generaux quatre louis en or, ce
qui montre quel etait alors l'etat des fortunes. Il transporta
ensuite son quartier-general a Albenga, et fit marcher toutes les
administrations le long du littoral, sous le feu des canonnieres
anglaises.
Le plan a suivre etait le meme qui s'etait offert l'annee precedente
a la bataille de Loano. Penetrer par le col le plus bas de l'Apennin,
separer les Piemontais des Autrichiens en appuyant fortement sur leur
centre, telle fut l'idee fort simple que Bonaparte concut a la vue des
lieux. Il commencait les operations de si bonne heure, qu'il avait
l'espoir de surprendre les ennemis et de les jeter dans le desordre.
Cependant il ne put les prevenir. Avant qu'il arrivat, on avait pousse
le general Cervoni sur Voltri, tout pres de Genes, pour intimider
le senat de cette ville et l'obliger a consentir aux demandes du
directoire. Beaulieu, craignant le resultat de cette demarche, se hata
d'entrer en action, et porta son armee sur Genes, partie sur un versant
de l'Apennin, partie sur l'autre. Le plan de Bonaparte restait donc
executable, a l'intention pres de surprendre les Autrichiens. Plusieurs
routes conduisaient du revers de l'Apennin sur son versant maritime:
d'abord celle qui aboutit par la Bocchetta a Genes, puis celle d'Acqui,
et Dego, qui traverse l'Apennin au col de Montenotte, et debouche dans
le bassin de Savone. Beaulieu laissa son aile droite a Dego, porta son
centre sous d'Argenteau, au col de Montenotte, et se dirigea lui-meme
avec sa gauche, par la Bocchetta et Genes, sur Voltri, le long de la
mer. Ainsi sa position etait celle de Dewins a Loano. Une partie de
l'armee autrichienne etait entre l'Apennin et la mer; le centre, sous
d'Argenteau, etait sur le sommet meme de l'Apennin au col de Montenotte,
et se liait avec les Piemontais campes a Ceva, de l'autre cote des
monts.
Les deux armees s'ebranlant en meme temps, se rencontrerent en route
le 22 germinal (11 avril). Le long de la mer, Beaulieu donna contre
l'avant-garde de la division Laharpe, qui avait ete portee sur Voltri,
pour inquieter Genes, et la repoussa. D'Argenteau, avec le centre,
traversa le col de Monten
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