du
savoir et des arts, ou quelques seigneurs avaient partage la philosophie
de tous les grands de l'Europe, les esprits etaient restes dans la
plus honteuse barbarie. Un peuple superstitieux et sauvage, des moines
paresseux et ignorans, formaient cette population de deux millions et
demi de sujets. L'armee etait de quatre a cinq mille soldats, on sait
de quelle qualite. Le pape, prince vaniteux, magnifique, jaloux de son
autorite et de celle du Saint-Siege, avait une haine profonde pour la
philosophie du dix-huitieme siecle; il croyait rendre a la chaire de
saint Pierre une partie de son influence en deployant une grande pompe,
et il faisait executer des travaux utiles aux arts. Comptant sur la
majeste de sa personne, et le charme de ses paroles qui etait grand, il
avait essaye jadis un voyage aupres de Joseph II, pour le ramener aux
doctrines de l'Eglise, et pour conjurer la philosophie qui semblait
s'emparer de l'esprit de ce prince. Ce voyage n'avait point ete heureux.
Le pontife, plein d'horreur pour la revolution francaise, avait lance
l'anatheme contre elle, et preche une croisade; il avait meme souffert
a Rome l'assassinat de l'agent francais Basseville. Excites par les
moines, ses sujets partageaient sa haine pour la France, et furent
saisis de fureurs fanatiques en apprenant le succes de nos armes.
L'extremite de la peninsule et la Sicile composent le royaume de Naples,
le plus puissant de l'Italie, le plus analogue par l'ignorance et
la barbarie a l'etat de Rome, et plus mal gouverne encore, s'il est
possible. La regnait un Bourbon, prince doux et imbecile, voue a une
seule espece de soin, la peche. Elle absorbait tous ses momens, et
pendant qu'il s'y livrait, le gouvernement de son royaume etait
abandonne a sa femme, princesse autrichienne, soeur de la reine de
France Marie-Antoinette. Cette princesse d'un esprit capricieux, de
passions desordonnees, ayant un favori vendu aux Anglais, le ministre
Acton, conduisait les affaires d'une maniere insensee. Les Anglais, dont
la politique fut toujours de prendre pied sur le continent, en dominant
les petits etats qui en bordent le littoral, avaient essaye de
s'impatroniser a Naples comme en Portugal et en Hollande. Ils excitaient
la haine de la reine contre la France, et lui soufflaient avec cette
haine l'ambition de dominer l'Italie. La population du royaume de Naples
etait de six millions d'habitans; l'armee de soixante mille hommes; mais
bien differens de ces so
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