t a lui, celle de
Jourdan au directeur Carnot.
Moreau livra un combat a Canstadt pour le passage du Necker, et
s'enfonca ensuite dans les defiles de l'Alb, chaine de montagnes qui
separe le Necker du Danube, comme les Montagnes Noires le separent du
Rhin. Il franchit ces defiles et deboucha dans la vallee du Danube,
vers le milieu de thermidor (fin de juillet), apres un mois de marche.
Jourdan, apres avoir passe des bords de la Lahn sur ceux du Mein,
et avoir livre un combat a Friedberg, s'arreta devant la ville
de Francfort, qu'il menaca de bombarder si on ne la lui livrait
sur-le-champ. Les Autrichiens n'y consentirent qu'a la condition d'une
suspension d'armes de deux jours. Cette suspension leur permettait de
franchir le Mein, et de se donner une avance considerable; mais elle
sauvait une ville interessante, et dont les ressources pouvaient etre
utiles a l'armee: Jourdan y consentit. La place fut remise le 28
messidor (16 juillet). Jourdan frappa des contributions sur cette ville,
mais y mit une grande moderation, et deplut meme a l'armee par les
menagemens qu'il montra pour le pays ennemi. Le bruit de l'opulence
au milieu de laquelle vivait l'armee d'Italie, avait excite les
imaginations, et on voulait vivre de meme en Allemagne. Jourdan remonta
ensuite le Mein, s'empara de Wurtzbourg le 7 thermidor (27 juillet),
puis deboucha au-dela des montagnes de Souabe, sur les bords de la Naab,
qui tombe dans le Danube. Il etait a peu pres sur la hauteur de
Moreau, et a la meme epoque, c'est-a-dire vers le milieu de thermidor
(commencement d'aout). La Souabe et la Saxe avaient accede a la
neutralite, envoye des agens a Paris pour traiter de la paix, et
consenti a des contributions. Les troupes saxonnes et souabes se
retirerent, et affaiblirent ainsi l'armee autrichienne d'une douzaine de
mille hommes, a la verite peu utiles et se battant sans zele.
Ainsi, vers le milieu de l'ete, nos armees, maitresses de l'Italie,
qu'elles dominaient tout entiere, maitresses d'une moitie de
l'Allemagne, qu'elles avaient envahie jusqu'au Danube, menacaient
l'Europe. Depuis deux mois la Vendee etait soumise. Des cent mille
hommes repandus dans l'Ouest, on pouvait en detacher cinquante mille
pour les porter ou l'on voudrait. Les promesses du gouvernement
directorial ne pouvaient etre plus glorieusement accomplies.
CHAPITRE IV.
ETAT INTERIEUR DE LA FRANCE VERS LE MILIEU DE L'ANNEE 1796 (AN IV).
--EMBARRAS FINANCIERS DU GOUVERNEMENT
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