s avant-gardes ennemies. Latour, au lieu de passer le
Danube, et de tacher de prevenir Moreau a l'entree des defiles, se
contentait de le suivre pas a pas, sans oser l'entamer. Arrive aupres du
lac de Federsee, Moreau crut devoir s'arreter. Latour s'etait partage
en trois corps: il en avait donne un a Nauendorff, et l'avait envoye a
Tubingen, sur le Haut-Necker, par ou Moreau ne voulait pas passer; il
etait lui-meme avec le second a Biberach; et le troisieme se trouvait
fort loin, a Schussenried. Moreau, qui approchait du Val-d'Enfer, par ou
il voulait se retirer, qui ne voulait pas etre trop presse au passage de
ce defile, qui voyait devant lui Latour isole, et qui sentait ce qu'une
victoire devait donner de fermete a ses troupes pour le reste de la
retraite, s'arreta le 11 vendemiaire an V (2 octobre) aux environs du
lac de Federsee, non loin de Biberach. Le pays etait montueux, boise,
et coupe de vallees. Latour etait range sur differentes hauteurs, qu'on
pouvait isoler et tourner, et qui, de plus, avaient a dos un ravin
profond, celui de la Riss. Moreau l'attaqua sur tous les points, et,
sachant penetrer avec art a travers ses positions, abordant les unes de
front, tournant les autres, l'accula sur la Riss, le jeta dedans, et
lui fit quatre mille prisonniers. Cette victoire importante, dite de
Biberach, rejeta Latour fort loin, et raffermit singulierement le moral
de l'armee francaise. Moreau reprit sa marche et s'approcha des defiles.
Il avait deja depasse les routes qui traversent la vallee du Necker pour
deboucher dans celle du Rhin; il lui restait celle qui, passant par
Tuttlingen et Rottweil, vers les sources meme du Necker, suit la vallee
de la Kintzig, et vient aboutir a Kehl; mais Nauendorff l'avait deja
occupee. Les detachemens sortis de Manheim s'etaient joints a ce
dernier, et l'archiduc s'en approchait. Moreau aima mieux remonter
un peu plus haut, et passer par le Val-d'Enfer, qui, traversant la
Foret-Noire, formait un coude plus long, mais aboutissait a Brissach,
beaucoup plus loin de l'archiduc. En consequence, il placa Desaix et
Ferino avec la gauche et la droite vers Tuttlingen et Rottweil, pour se
couvrir du cote des debouches, ou se trouvaient les principales forces
autrichiennes, et il envoya son centre, sous Saint-Cyr, pour forcer le
Val-d'Enfer. En meme temps, il fit filer ses grands parcs sur Huningue,
par la route des villes forestieres. Les Autrichiens l'avaient entoure
d'une nuee de petits cor
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