olonnes, le long du Mein et du Necker,
suivant les deux armees imperiales, qui faisaient une tres belle
retraite. Les nombreux escadrons des Autrichiens, voltigeant a
l'arriere-garde, imposaient par leur masse, couvraient leur infanterie
de nos insultes, et rendaient inutiles tous nos efforts pour l'entamer.
Moreau, qui n'avait point eu de place a masquer, en se detachant du
Rhin, marchait avec soixante-onze mille hommes. Jourdan, ayant du
bloquer Mayence, Cassel, Ehrenbreistein, et consacrer vingt-sept mille
hommes a ces operations, ne marchait qu'avec quarante-six mille, et
n'etait guere superieur a Wartensleben.
D'apres le plan vicieux de Carnot, il fallait toujours deborder les
ailes de l'ennemi, c'est-a-dire, s'eloigner du but essentiel, la reunion
des deux armees. Cette reunion aurait permis de porter sur le Danube
une masse de cent quinze ou cent vingt mille hommes, masse ecrasante,
enorme, qui aurait trompe tous les calculs de l'archiduc, dejoue tous
ses efforts pour se concentrer, passe le Danube sous ses yeux,
enleve Ulm, et, de cette base, eut menace Vienne et ebranle le trone
imperial[6].
[Footnote 6: Il faut lire a cet egard les raisonnemens qu'a faits
Napoleon, et qu'il a appuyes de si grands exemples.]
Conformement au plan de Carnot, Moreau devait appuyer sur le Haut-Rhin
et le Haut-Danube, et Jourdan vers la Boheme. On donnait a Moreau
une raison de plus d'appuyer sur ce point, c'etait la possibilite
de communiquer avec l'armee d'Italie par le Tyrol, ce qui supposait
l'execution du plan gigantesque de Bonaparte, justement desapprouve
par le directoire. Comme Moreau voulait en meme temps ne pas etre trop
detache de Jourdan, et lui donner la main gauche tandis qu'il tendait la
droite a l'armee d'Italie, on le vit sur les bords du Necker, occuper
une ligne de cinquante lieues. Jourdan, de son cote, charge de
deborder Wartensleben, etait force de s'eloigner de Moreau; et comme
Wartensleben, general routinier, ne comprenant en rien la pensee de
l'archiduc, au lieu de se rapprocher du Danube, se portait vers la
Boheme pour la couvrir, Jourdan, pour le deborder, etait force de
s'etendre toujours davantage. On voyait ainsi les armees ennemies faire,
chacune de leur cote, le contraire de ce qu'elles auraient du. Il y
avait cependant cette difference entre Wartensleben et Jourdan, que le
premier manquait a un ordre excellent, et que le second etait oblige
d'en suivre un mauvais. La faute de Wartensleben etai
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